Les Chemins de la mémoire

Le général Franco est mort en 1975, après quarante ans d’un régime dictatorial qui figure parmi les plus longs et les plus violents de l’Histoire contemporaine. Débarrassée du tyran, l’Espagne a pourtant longtemps gardé sous silence les années de plomb franquistes. Pendant les années de transition démocratique, le pays n’a jamais attaqué le sujet de front, et les pièces du puzzle sont à remettre en place. À partir de ce constat, José Luis Peñafuerte évoque les différents aspects de cette dictature sanguinaire, tels les travaux forcés, l’exil, les prisons, les camps de concentration, ainsi que les stigmates laissés dans la société espagnole contemporaine.

En décembre 2007, le gouvernement de Zapatero réussit à faire passer une « Loi de Mémoire Historique » particulièrement controversée. Une étude comparée des nombreuses dictatures du XXe siècle permettrait de voir que les transitions vers la démocratie ne sont jamais faciles, malgré les célébrations médiatiques qui d’habitude les accompagnent. En effet, ceux qui ont bénéficié des régimes dictatoriaux ne quittent jamais tout à fait les sphères du pouvoir. Il faut donc saluer, d’une part, ce mouvement de « retour sur le passé » entrepris par la gauche espagnole ; d’autre part, le courage du réalisateur, qui introduit dans le domaine de la culture et du cinéma les nombreuses questions laissées en suspens par ce mouvement.