Rhoda Scott

Rhoda Scott donne rendez-vous à tous les amateurs d’orgue moderne le 8 mars au Café de la Danse, derrière la Place de la Bastille. C’est dans sa ville de cœur que la femme aux pieds nus tantôt envoûtera par sa vigueur jazzy tantôt rendra grâce par sa maîtrise du répertoire classique.

De la musique classique au jazz groovy

Rhoda Scott grandit aux États-Unis aux sons des chants gospels des églises que son père, pasteur itinérant, fréquente. Rapidement, l’organiste intègre la prestigieuse Manhattan School of Music. Lors d’un showcase à Harlem, elle est repérée par le roi de l’industrie de la musique française Eddy Barclay et son acolyte Raoul Saint-Yves. Elle épousera quelques années plus tard ce second. Puis direction Paris où elle poursuit ses études au Conservatoire américain de Fontainebleau sous la tutelle de la pianiste, Nadia Boulanger, dont la liste des élèves compte des noms aussi célèbres que George Gershwin, Michel Legrand ou Quincy Jones. De là débute une magnifique carrière teintée de groove, de swing, de gospel et de musique classique. Elle met à profit son orgue en toutes circonstances sans se bloquer à un style, car, comme elle aime à le dire, « Dieu peut englober tous les styles de musique ».

L’orgue de Hammond et de Rhoda

Rhoda Scott est surnommée The Barefoot Lady, surnom qu’elle doit à sa spécialité : taper du pied, sans chaussures, sur le pédalier de son orgue (la talentueuse organiste est une des rares à gérer aussi bien la modulation des basses à coup d’orteils). Sur scène, elle n’est en général accompagnée que d’un musicien, en l’occurrence le batteur Thomas Derouineau.

Après le très affirmé We Free Queens, album apporté par le Rhoda Scott Lady Quartet en 2017, elle présente à présent Movin’ Blues, le 29e album auquel elle a collaboré. Du gospel des églises américaines jusqu’aux mugissements des timbales dans les sous-sols fumants et dansants de New York et de Paris, Rhoda Scott ne connaît de frontières que celles qui bordent son clavier. L’album de l’organiste est un hommage au blues qui n’a pas cessé d’évoluer mais aussi aux diverses influences qui la rendent si complète, avec notamment une reprise entêtante de Fais comme l’oiseau empruntée à Michel Fugain.