Les inachevés

Inachevés, on peut dire qu’en disparaissant respectivement à 35 et 31 ans, Mozart et Schubert l’ont été. Quant aux deux œuvres choisies pour ce programme, leur « inachèvement » a longtemps intrigué et continue de poser question.
Pour l’émouvant Requiem composé à la toute fin de la vie de Mozart, si les circonstances de sa mystérieuse commande et de son « achèvement » par deux élèves du maître sont maintenant connues, sa dimension autobiographique, en relation avec la situation matérielle et sociale du compositeur, demande encore réflexion face à une œuvre d’une telle intensité et sincérité d’expression.
Le cas de la Symphonie en si mineur (7e ou 8e suivant les catalogues), composée six ans avant la disparition de Schubert, reste plus compliqué à appréhender. En effet, malgré l’ébauche d’un scherzo, l’« inachèvement » de l’œuvre serait plutôt volontaire si l’on opte pour la thèse très plausible d’une transcription musicale d’un rêve couché sur le papier par Schubert lui-même, quelques semaines avant la mise en chantier de la symphonie, sous le titre « Mein Traum ».
Sans doute pas un poème symphonique au sens strict, mais une musique dont les thèmes et contrastes sont inspirés par ces images et sentiments oniriques.
Face à ces questionnements, la musique répond en nous laissant deux absolus chefs-d’œuvre de profondeur et de grâce…