Benjamin Biolay

Sous le ciel étoilé d'ampoules du Théâtre Claude Debussy à Maison-Alfort, Benjamin Biolay séduit le sud-est parisien début mars avec les chansons de son neuvième album Grand Prix.

La fureur de vivre

Il lui a valu d’être le grand gagnant des Victoires de la Musique l’année dernière, où il raflé deux trophées : ceux du meilleur interprète masculin et du meilleur album. Fasciné par la vie des pilotes « d’un point de vue romanesque et quasi shakespearien », explique-t-il, Benjamin Biolay se livre, pied au plancher, à une introspection d’une honnêteté brutale dans Grand Prix, une référence à l’accident fatal de Jules Bianchi au Grand Prix de Suzuka en 2014.

Le résultat est subtil, loin des clashs et déclarations à l’arrache auxquels le chanteur-auteur-compositeur-acteur s’est longtemps livré sur les réseaux sociaux.

Une désarmante sincérité

« Si je t’avais rencontrée avant / Quand j’étais jeune et charmant », susurre-t-il de sa voix rauque dans « Comme une voiture volée ». Né il y a 49 ans à Villefranche-sur-Saône, la capitale du Beaujolais, dans le cocon d’une bourgeoisie de province appauvrie par les brouilles, la flambe et les échecs, Benjamin Biolay n’est pas exactement un vieillard, mais ses morceaux sont le fruit d’un regard mélancolique sur sa jeunesse et son cœur, « un vieux moteur si tu soulèves le capot ».

Sa mise à nu sur le temps qui passe et lui échappe est superbe. « Chaque jour ma vie / Est plus courte que le veille / Je ne suis pas fini / Mais ce n’est plus du tout pareil », admet-il dans « Où est passé la tendresse ». Tel Gustav von Aschenbach dans Mort à Venise, le vieux dandy contemple une dernière fois les objets de son désir au crépuscule de sa vie. Des tubes doux-amers sur des mélodies uptempo légères aux guitares sautillantes et aux synthés calibrées pour les boîtes de nuit. De quoi nous redonner à tous la fureur de vivre.