Nourrir Paris

Le Comité d’histoire de la Ville de Paris consacre à la Bibliothèque Forney une exposition aux moyens de production et d’acheminement permettant de répondre à la grande question posée par les habitants de la capitale : « Qu’est-ce qu’on mange ? »

De famine en festin

Le Parisien est gouailleur, parfois un peu blagueur, et même parfois un peu râleur, surtout s’il n’a pas son œuf-mayo à déguster sur le comptoir. Une préoccupation qui n’est pas nouvelle : on sait depuis la brioche de Marie-Antoinette que sans son pain quotidien, Paris fait la révolution ! Heureusement, du Moyen Âge aux temps modernes, les pouvoirs publics et les habitants de la ville ont tout fait pour s’organiser et ne pas se trouver démuni au moment de dîner. La question n’est pourtant pas facile.

De 200 000 habitants en 1330, Paris passe à un million en 1840, et près de deux à peine trente ans plus tard ! Pour les nourrir, on fait appel aux ressources de la région parisienne, avec des productions comme le seigle de la Courneuve ou les choux d’Aubervilliers. Des produits exotiques arrivent aussi des quatre coins du monde, amenés en avion, en camion, ou en remontant le cours de la Seine.

Nostalgie du ventre de Paris

L’exposition organisée par le Comité d’Histoire de la ville permet de découvrir ou de redécouvrir, avec notamment des conférences et des visites-guidées, les lieux majeurs de la chaîne alimentaire parisienne. Les Halles, bien sûr, le « ventre » de Paris, une démesure architecturale abandonnée plus tard au profit de Rungis, ou les abattoirs de la Villette, en grande partie détruits après leur mise hors service, en 1974, et qui ont vu passer, dans les années cinquante, près de 400 000 bœufs, 600 000 moutons, 110 000 porcs…

Cette rétrospective un peu nostalgique montre aussi l’évolution des habitudes des consommateurs, qui favorisent aujourd’hui les circuits courts. Une pratique qui redonne vie aux anciens jardins potagers présents intra-muros, parfois l’ultime recours en cas de pénurie. Un circuit court qui permet d’accéder rapidement aux produits, et rend d’autant plus insupportable le temps mis par le garçon pour amener sur le comptoir l’œuf-mayo « commandé il y a une heure, mais qu’est-ce qu’il fait alors ? J’ai faim ! ».