Alberto Giacometti - André Breton : amitiés surréalistes

En ouvrant la sublime porte bleue du 5, rue Victor Schœlcher dans le 14e arrondissement, on découvre un des lieux les plus magiques de Paris. Les élégants décors restaurés et réaménagés de l’hôtel particulier classé de style Art Déco qui appartenait à l’artiste-décorateur Paul Follot abritent une exposition miroir sur André Breton et Alberto Giacometti.

Une rencontre

À deux pas de Montparnasse, où Giacometti a vécu et travaillé, on jette d’abord un œil à son atelier reconstitué à l’identique, invraisemblable désordre créatif, et on est tout de suite plongé dans une autre époque, celle d’un Paris où les artistes se serraient sur un lit simple en fumant des cigarettes avant de rejoindre les copains aux comptoirs de café pour refaire le monde autour d’un petit noir. On imagine le sculpteur, débattant passionnément, en 1930, sur le dessin automatique avec le peintre André Masson ou l’onirisme des paysages avec le sculpteur Jean Arp, qui viennent de l’introduire au groupe des Surréalistes. Bientôt, il fera sensation à la Galerie Pierre avec sa « Boule suspendue », une drôle de sphère en plâtre brun entrouverte, suspendue dans une cage, frôlant l’arrête d’une forme de croissant... Étrangement érotique, cette sculpture de bois a tout de suite attiré l’œil d’André Breton, poète et écrivain, qui en acquiert une version en bois pour son atelier. C’est le début de l’amitié d’une vie entre les deux artistes.

Jeu d’influences

Alberto Giacometti n’a été membre du groupe surréaliste que cinq ans, de 1930 à 1935, mais son amitié avec André Breton, leur chef de file, n’a jamais cessé. « Très cher enfant et ami, tu sais bien que tu es le personnage qui me manque le plus. Quand tu n’es pas là, il n’y a plus ni jeunesse, ni clarté, ni jeu, ni certitude sur le plan intellectuel sans compter que si ce n’est pas toi qu’on attend le soir au café, c’est peut-être bien qu’on n’attend personne », écrit Breton à Giacometti en 1934. Les échanges entre les deux génies nourrissent leur art, Giacometti illustre les poèmes de son compagnon, qui en retour, guide sa main par ses réflexions. Leur dialogue est captivant.