Marché aux Puces de Paris Saint-Ouen

Aller aux Puces nécessite une bonne dose de motivation. Il faut déjà atteindre le terminus de la ligne 4, porte de Clignancourt, puis traverser le périphérique. Les cinq minutes de marche nécessaires pour cette première étape nous plongent d'emblée au cœur de l'histoire du lieu, à la fin du XIXe / début du XXe siècle, où ferrailleurs et chiffonniers étaient obligés de sortir de la ville pour continuer leurs activités, avant de laisser peu à peu la place aux brocanteurs, antiquaires et marchands de vêtements. Aujourd’hui, les puces couvrent 16 marchés indépendants sur une surface totale de 20 hectares, avec une diversité d'objets telle qu'on l'appelle « le plus grand grenier du monde ».

Surtout ne vous arrêtez pas sur l'image du premier marché appelé « le plateau », au pied du métro Clignancourt. Rien de plus banal en effet que ce marché, essentiellement africain, de produits que l'on trouve partout. Quelques stands comme celui de Laurent M'bina, artisan de bijoux et sacs en cuir, valent cependant le détour. A la sortie du « plateau », Sam, pucier à « l'Indiana boots » depuis 20 ans, constate bien une uniformisation des produits « modernes ». Ce qui n'est pas pour déplaire aux jeunes qui trouvent leur bonheur dans les marques de vêtements sporswear et « tendance ». Pour eux, le marché historique de l'habillement « Malik » leur est tout indiqué car il attire les artistes et créateurs qui font la mode actuelle.

Un lieu privilégié pour les "chineurs"

Vient enfin le premier marché des brocanteurs, « Vernaison ». L'allée n°1, parfumée au chèvrefeuille et tortueuse comme les autres allées, (ce qui témoigne du développement improvisé du marché aux Puces) nous mène jusqu'au bistrot-guinguette « Chez Louisette » où Manuela, 70 ans, entonne toujours des chants populaires d'après-guerre au son de l'accordéon ! Avec le marché « Jules Vallès », « Vernaison » est celui qui est resté le plus proche de l’esprit d’origine des Puces. On y trouve des stands spécialisés allant du mobilier aux jouets anciens en passant par la verrerie. Les objets très divers, « dans leur jus », sont souvent à un prix plus abordable... Les marchands limitent les intermédiaires et s’approvisionnent souvent à la source « en faisant des adresses » c’est-à-dire en débarrassant les appartements à l’occasion de successions.

Pas le temps de détailler toutes les spécialités des autres marchés, « Antica » pour son mobilier et objets des XVIIIe et XIXe siècle, « Biron » et ses arts d'Asie, son mobilier haut de gamme des XVIIe, XIXe et XXe siècles. « Combo » et son mobilier essentiellement restauré. « Dauphine » et son 'Carré des libraires'... Sans oublier les rues Jules Vallès, Lécuyer, Paul Bert, des Rosiers, Jean-Henri Fabre, l’avenue Michelet... Toutes ces rues « pucières » qui proposent également de nombreuses boutiques, stands installés dans des pavillons, ou encore du déballage sur le trottoir. Les thèmes abordés sont très variés : mode, art tribal, décoration de la maison, librairie, bijoux, pièces archéologiques, mobilier de jardins, horlogerie...

Vous ramènerez forcément quelque chose à la maison, même si ce n'est pas ce à quoi vous vous attendiez. Et en même temps, vous aurez fait une promenade insolite et sympathique !