Église Sainte-Marguerite

À mi-chemin entre la place de la Bastille et la place de la Nation et à proximité du faubourg Saint-Antoine se dresse l'église Sainte-Marguerite. Le 29 octobre 1624, Jean de Vitry, seigneur de Reuilly, donne à Antoine Fayet, curé de l'église Saint-Paul-Saint-Louis, un terrain pour y bâtir une chapelle dédiée à sainte Marguerite. L'année suivante, l’abbé Fayet fait construire à ses frais une petite chapelle qu’il place, en souvenir de sa nièce Marguerite récemment morte en couches, sous la protection de Sainte-Marguerite d’Antioche, souvent invoquée pour protéger les femmes enceintes.

La population du faubourg Saint-Antoine augmente avec la venue de nombreux artisans du meuble. Ils sont attirés par la proximité des berges de la Seine par laquelle arrive le bois par flottage, par le privilège qu’apporte le faubourg de ne plus être soumis aux corporations. En raison de l’urbanisation croissante, la chapelle privée devient finalement la succursale de la paroisse Saint-Paul en 1634, avant d'être érigée en église paroissiale en 1712. Le plan de l'église Sainte-Marguerite est en croix latine, selon le style classique du XVIIe siècle. Après l'ajout d'un cimetière (1637) et l'allongement de la nef et les bas-côtés sont allongés (1679), plusieurs chapelles viennent agrandir le bâtiment au XVIIIe siècle. La chapelle des Âmes du Purgatoires est particulièrement remarquable : construite dans un style néo-classique, elle est agrémentée de peintures en trompe-l'œil par Paolo Antonio Brunetti (1723-1783).

Pendant la Révolution, les corps de 300 personnes guillotinées sont enterrés dans le cimetière de la paroisse. Le cadavre de Louis XVII y est inhumé, sans doute dans une fosse commune, le 10 juin 1795. À la Restauration, Louis XVIII tente de retrouver les restes de son neveu mais est contraint d'y renoncer en raison de contradictions dans les témoignages. De nouvelles exhumations réalisées au XIXe seront tout aussi vaines.

L'église abrite des œuvres d'art remarquables, comme par exemple des vitraux commémoratifs (carmélites de Compiègne guillotinées place de la Nation en 1794, visite du pape Pie VII en 1805...). On y trouve aussi des sculptures et de nombreux tableaux. Parmi eux, Le Massacre des Innocents de Pacecco de Rosa (1607-1656).