Geo-Fourrier

Fondée suite à un legs de l’industriel Aimé-Samuel Forney à la Ville de Paris en 1886, la bibliothèque Forney, spécialisée en arts appliqués et décoratifs, occupe depuis 1961 le superbe Hôtel de Sens, rare vestige de l’architecture civile médiévale à Paris, en plein cœur du Marais. En traversant les trois majestueuses salles d’exposition de la bibliothèque aujourd’hui emplies de 200 œuvres de Géo-Fourrier, on découvre un artiste singulier et méconnu.

Un maître des arts décoratifs

Né à Lyon en 1898, Nicolas Georges Fourrier, dit Géo-Fourrier, a grandi près du parc Monceau, à Paris, dans un milieu bourgeois. Alité pendant trois ans à cause d’une pleurésie, il découvre adolescent l’art japonais, son sens du détail et la pureté incisive de son trait, et commence à dessiner. Virtuose des arts décoratifs, il maîtrise vite les techniques de la gravure sur bois, l’art du pochoir, le dessin, la photographie, la céramique… Ses œuvres sont colorées, dépouillées mais minutieuses.

La curiosité pour muse

En voyage en Bretagne, il observe et photographie ses paysages et habitants, en capture l’essence et le mouvement dans ses dessins. Il comprend que l’inspiration est dans l’exploration. Alors il part au Maroc, en Afrique équatoriale et devient membre de la Société de géographie. Ses portraits de femmes, marchands, artisans, ou ses croquis de l’Atlas sont reproduits par la suite sur des cartes postales, des céramiques, des livres…

Installé à Quimper, l’Afrique ne le quittera néanmoins pas vraiment et on retrouvera des traces de ses couleurs dans ses bois gravés bretons et ses magnifiques gouaches figeant les pêcheurs, les oiseaux, et la vie des villages, en pleine activité. Dans une série de cartes postales primées à l’Exposition internationale de 1937 de Paris et commercialisées à New York, il croque les provinciaux français de l’entre-deux-guerres, leur costumes et coutumes, avant qu’ils ne disparaissent, et lui avec eux.