Blind : Un rêve éveillé

Auteure, Ingrid vient de perdre la vue. Chaque jour, dans un environnement où les sons deviennent envahissants, elle doit revisualiser son espace pour saisir le moindre objet, se déplacer, se nourrir et surtout ne pas se perdre vis-à-vis d’elle-même. Hélas, plutôt que de sortir de leur appartement comme l’y incite son mari Morten, elle fuit ses angoisses, notamment quant à sa capacité de séduction, dans l’écriture secrète d’un roman érotique. Simultanément, Einar, quelque peu obsédé sexuel et fétichiste, que Morten a connu à la fac, cherche à rencontrer Ellin, sa voisine d’en face, divorcée et mère d’une fillette de 10 ans. Les hasards d’Internet font que c’est Morten qu’Ellin repère. Mais le jour même de leur premier rendez-vous, elle est prise de troubles de la vue…

Pour son premier long-métrage, Eskil Vogt réalise un drame en abyme aussi sensible qu’intelligent et tortueux sur l’amaurophilie (l’attirance pour les partenaires qui ne voient pas l’autre) à travers une femme amoureuse prise d’une soudaine cécité, que ses questionnements enferment en elle autant que chez elle. La bande son soignée tout comme le jeu sur les décors, la réalité et l’imagination rendent ce film ingénieux terriblement troublant.