Marchand de rêves

Au lendemain de la Deuxième Guerre Mondiale, Joe Morelli, faisant profession d'arnaqueur, parcourt la Sicile, se prétendant "chercheur de talents" pour une grande firme cinématographique de Rome. Faisant miroiter de mirobolantes perspectives de gloire et d'argent, il propose à sa naïve clientèle, moyennant la participation de 1 500 lires, des bouts d'essai qu'il enverra, soi-disant, dans la capitale en vue d'une sélection devant transformer la vie des plus doués. Allant d'une bourgade à l'autre, il ne laisse aucune trace derrière lui, sinon des reçus parfaitement "bidons". Tous - paysans, bergers, maffieux, communistes, fonctionnaires, carabiniers - se laissent prendre. L'affaire continuerait de prospérer si la destinée ne mettait sur sa route une jolie fille, Beata, qui s'obstine à le suivre, retardant son éternelle errance de telle sorte qu'il se retrouve en présence de ceux qu'il a si astucieusement dupés...

Six ans après Cinema Paradiso, un nouveau film de Giuseppe Tornatore puisant son inspiration dans la chronique du "Septième art", marginale ici avec les combinaisons de cet escroc. A travers les 126 personnages que l'action met en scène, c'est un véritable portrait de la Sicile qu'a voulu brosser le réalisateur. Les "types" évoqués sont criants de vérité, les décors naturels où ils évoluent d'une beauté sans égale, laissant percer un sens de l'insolite et du baroque absolument prodigieux. Si brillant, puis tombé dans la léthargie, le cinéma italien, avec de tels films, renaît ici de ses cendres... Marchand de rêves a obtenu le Grand Prix du Jury au Festival International de Venise 1995.