On est là !

Lorsqu’une société de nettoyage se trouve confrontée à une occupation menée par des travailleurs maliens et mauritaniens, le scénario semble écrit d’avance : en semant le trouble pour diviser les révoltés, la direction de Clean Multiservices compte bien venir à bout de la protestation, quitte à ce que les droits revendiqués par ce groupe de sans-papiers ne soient pas toujours respectés. Au fil de trente-neuf journées de conflit, nous suivons donc le quotidien de ces ouvriers précaires, qui tentent de mieux cerner leurs objectifs communs en discutant et en renforçant leurs liens sociaux.

À l’heure où le débat concernant le sort des sans-papiers semble osciller entre le respect de la légalité (les illégaux doivent quitter le territoire français) et la mise en question d’une politique migratoire jugée opportuniste (ces travailleurs contribuent tout de même à notre économie), Luc Decaster fait le pari, selon ses mots, de « trouver la bonne distance entre la caméra et les personnes filmées ». Qu’on ne s’y méprenne pas : la filmographie de Luc Decaster nous confirme qu’il s’agit bien d’un réalisateur soucieux du sort des plus démunis. Pourtant, il n’est nullement question pour lui d’embrasser tout simplement la cause des ouvriers : plutôt que de réitérer l’alternative qui semble avoir mené à l’impasse actuelle (expulsion/régularisation), son documentaire se propose de nous faire découvrir les difficultés éprouvées par ces travailleurs, ainsi que les véritables enjeux de leur occupation.