Steak (r)évolution

« La bonne santé d’un troupeau se voit à sa m… », s’amuse le jeune éleveur corse Jacques Abbatucci, désignant des bousiers, preuve qu’il n’utilise ni pesticide ni insecticide. Guidés par le « meilleur boucher de Paris » Yves-Marie Le Bourdonnec, exclu du Syndicat français de la boucherie pour avoir préféré la viande anglaise à la française, nous découvrons les divergences opposant des bouchers passionnés par leur métier (pro viande grasse, élevage sur la durée et nourris aux herbes) à des éleveurs et restaurateurs soumis aux lois du marché, adeptes d’animaux élevés en 3 mois, aux céréales et tout en muscles. D’intérêts économiques en art culinaire, ces clivages révèlent surtout des priorités (agri)culturelles : diététique pour la France, productivisme pour les États-Unis, d’accompagnement du riz au Japon, de maintien de la tradition en Écosse… On s’émeut devant les attentions de certains fermiers pour leur cheptel (ce Japonais relaxant ses vaches avec du Mozart), on s’amuse de l’ahurissement de Jody Storch, restauratrice américaine, apprenant que les Rubias Gallelgas de l’Espagnol Jose Gordon vivent 15 ans avant abattage alors que dans son pays, 30 mois c’est déjà trop…

Le co-producteur de Balada Triste (2010) a visité 20 pays et 200 restaurants, consulté bouchers, fermiers, scientifiques du monde entier… pour réaliser ce 1e long-métrage documentaire instructif, étonnant et gourmet autour d’un des enjeux agricoles majeurs des prochaines années qui nourrira même les végétariens.