Yoga

Au musée Guimet, une exposition explore les représentations de l’ascétisme à travers 70 miniatures indiennes et sculptures sur bois et bronze, du Xe au XIXe siècle.

« Yoga est un mot à la mode, pour le meilleur et pour le pire. Dans le musée national dédié aux arts de l’Asie, du plus ancien au plus contemporain, musée ayant aussi pour vocation d’aborder l’histoire et les civilisations de l’Asie, traiter d’un tel sujet est à la fois une attente, une gageure et un piège », déclare sa Présidente Sophie Makariou.

Un « sport » religieux

Si le bouddhisme et le jaïnisme aspirent, par le renoncement et la vie monastique, à échapper au karma (les conséquences de nos actes sur notre vie et les suivantes dans lesquelles nous nous réincarnerons), les adeptes du brahmanisme trouvent l’équilibre dans le yoga.

Créé au 2e millénaire, le hatha-yoga, le « yoga de la force », forge l’esprit à travers la méditation et des exercices d’équilibre et de respiration ardus. « Le corps est comme un pays et l’esprit comme un roi. Lorsque le pays est ruiné, le roi s’en va », écrit en 1550 Muhammad Ghawth Gwaliyori dans son traité sur le yoga L’Océan de vie. Les adeptes pratiquent cette discipline mentale et corporelle sous le patronage de Shiva, dieu ascète enchaînant les postures dans l’Himalaya. Grâce à des sons, des souffles et des visualisations, ils parcourent avec souplesse leurs chakras, ou centres d’énergie, jusqu’à la fusion avec Dieu. Le yoga réunit le microcosme et le macrocosme, l’espace interne et l’univers, à des années lumières d’un genre plaisant de gym !

S’élever dans notre humanité

D’œuvre en œuvre, on goûte à cette plénitude retrouvée. En contemplant une gouache et aquarelle sur papier représentant un groupe de yogis au XIXe siècle, on a l’impression d’être assis autour du feu avec eux, fumant un narghilé. Un peu plus loin, dans une miniature, un ascète se contorsionne sous un arbre pour réactiver sa chaleur interne tandis que sur un panneau de char de procession, un Indien découvre ses « cinq feux », les jambes en l’air, les mains jointes en prière. « Om »…