Gallen-Kallela

Dans le vaste et riche hôtel particulier du boulevard Haussmann abritant aujourd’hui le musée Jacquemart-André, la relation qu’entretient un des plus importants artistes finlandais du XXe siècle avec la nature et la mythologie est enfin approfondie.

Nation et tradition

Formé à Helsinki et Paris, Axel Gall signe dès 1907 ses œuvres du nom de Akseli Gallen-Kallela afin de montrer son attachement à la Finlande et son indépendance par rapport à l’Empire russe auquel elle est alors rattachée. Dans sa première phase de création naturaliste, l’artiste privilégie le réalisme social d’un pays méconnu. Ce que Zola fait avec les mots, lui l’achève avec le pinceau. Paysan souffrant en silence, femme au fourneau, scènes de l’épopée finlandaise du Kalevala... Dans son impressionnante toile Ad Astra (« vers les étoiles » en latin), une adorante, les bras en croix, paumes percées de stigmates, cheveux roux formant une couronne dorée, corps nu de jeune fille flottant sous les étoiles, les yeux brillants vers elles, rapproche cette mythologie à des thèmes universels de la Bible.

Ésotérisme et mysticisme

Ravagé par la mort de sa fille aînée, dans sa maison-atelier de Kalela, à 200 km d’Helsinki, Gallen-Kallela reçoit ses élèves et s’essaie à différentes techniques. Travail du verre, gravure, tissage… « Je rêve, le plus modestement possible, de pouvoir rassembler autour de moi des ateliers d’art divers », explique-t-il. Dans ce refuge, la nature est d’une beauté foudroyante, avec ses arbres aux couleurs vives, ses eaux paisibles, sa neige silencieuse et sa lumière dorée. N’ayant pas peur des conditions extrêmes, il plante son chevalet dans la glace pour peindre des paysages d’hiver vivifiants et apaisants. Sa pratique est physique et il n’hésite pas à enfiler ses skis et à braver le froid qui pique les narines pour atteindre les points d’observation des flocons cotonneux sur lesquels s’étirent les ombres des conifères ou les nuages ouatés, avant le renouveau du printemps.