J'aimerais partager le printemps avec quelqu'un

Dans le cadre d’une commande faite par le Forum des Images pour son festival Pocket Films, le cinéaste Joseph Morder accepte de tourner un film avec un téléphone portable. Il capte des moments de son quotidien ou plutôt des lieux, comme l’appartement de sa famille sur le point d’être vendu, sa terrasse fleurie. Il se filme dans le reflet d’un miroir pour marquer les dates des anniversaires de mort et de naissance de sa famille, il observe la campagne présidentielle et les affiches des actuels mais aussi anciens candidats qui recouvrent les murs de Paris. Le hasard d’une rencontre au bord de la Seine avec un jeune homme, Sacha, donne un nouvel éclat fantasmatique à son projet portatif et à sa vie, étroitement réunis.

Entièrement tourné avec un téléphone portable, J’aimerais partager le printemps n’est pas pour autant un film gadget réductible à cette particularité. Morder se sert de sa caméra-stylo pour glisser dans les plis déroutants et déroutés de l’intime et nous plonger dans un monde mi-réel, mi-fantasmé. Certes, la matière filmique avec laquelle il joue a quelque chose d’aléatoire du point de vue de l’éclairage et de brouillon du point de vue de l’image mais Morder joue habilement de cette dimension-là pour créer de beaux et inattendus effets picturaux.