Rue Santa Fe

Le retour de la réalisatrice Carmen Castillo dans son pays d’origine, le Chili, fait revenir par vagues les traces profondes et douloureuses laissées par la dictature de Pinochet ainsi que des questionnements sur le sens et la portée des actes des militants du MIR, companieri de Salvatore Allende devenus résistants clandestins à partir du coup d’état du dictateur. Engagée dans ce mouvement de résistance, Carmen Castillo était également la compagne de son chef, Miguel Enriquez. En octobre 74, elle fut condamnée à l’exil politique suite à la sanglante prise d’assaut par les militaires de la maison où le couple vivait, et au cours de laquelle Enriquez fut tué. Passé, présent et futur s’interrogent et se répondent, dans une parole et des témoignages partagés (ceux des résistants mais aussi de leurs enfants qui ont souffert de l’engagement de leur parents) afin de comprendre l’histoire dans toute sa complexité.

Images d’archives et retrouvailles au présent avec le pays, le lieu du drame, et les acteurs militants ou non de la résistance, s’entremêlent dans un savant montage ouvrant l’histoire à une multitude de voix. Riche, intelligent et pudique, Rue Santa Fe constitue désormais un document de référence précieux et indispensable sur l’histoire du Chili.