Run

En Côte d'Ivoire, personne ne fait attention au « fou », l'homme qui erre dans la rue, sans but apparent, sans domicile connu. Le jeune Run tente de se fondre dans la masse en prenant l'aspect de cet homme invisible pour les autres. Ainsi camouflé, il s'introduit dans l'entourage du premier ministre et l'assassine, avant de s'enfuir en courant. Lui reviennent alors en mémoire des images de son passé, qui l'a toujours mené vers une course éperdue pour la liberté. Adolescent, Run voulait devenir faiseur de pluie, formé par maître Tourou, il a décampé lorsqu'on lui a demandé de tuer pour arriver à ses fins. Puis, il a vécu quelque temps avec " la mangeuse ", diva impressionnante, aux spectacles gourmands. Par la suite, empêtré dans le conflit politique et militaire dans lequel est plongé son pays, il a rejoint les Jeunes Patriotes, l'un des plus forts soutiens à l'ancien président Gbagbo et a laissé la violence le rattraper, avant de s’enfuir à nouveau, refusant de subir son destin.

Au cours de prises de vues pour son documentaire Chroniques de guerre en Côte d'Ivoire, tourné en 2002 à Yopugon, banlieue d'Abidjan, où il a lui-même grandi, Philippe Lacôte se retrouve en pleine rébellion et croise un Jeune Patriote qui lui inspire le héros de son premier long-métrage de fiction, Run. Fable mystique sur la montée de la violence en Côte d'Ivoire au cours des dix dernières années, oscillant entre réel et poésie, c'est le premier film ivoirien programmé dans la sélection officielle du festival de Cannes en 2014, dans la section Un certain regard.