Église Saint-Eustache

Au cœur du quartier des Halles, se dresse l'église Saint-Eustache, dont les origines remontent au XIIIe siècle : sur le chemin qui mène de l’Île de la Cité à la colline de Montmartre, à proximité de l’enceinte de Philippe Auguste, une modeste chapelle est bâtie en 1213. La petite chapelle Sainte-Agnès change de nom en 1223 lorsqu'on y transfère une relique du martyr Saint Eustache, auparavant abritée par l'Abbaye de Saint-Denis. Au fil des années, l'édifice est régulièrement agrandi à mesure que la population du quartier augmente – et ce jusqu'en 1532, date à laquelle on décide de rebâtir entièrement une grande église de style gothique, dans laquelle on trouve également des courbures de style roman et des ornements de la Renaissance. Ces caractéristiques donnent à l'édifice un aspect unique.

L'impressionnante nef de 33 mètres de long rappelle celle de la cathédrale Notre-Dame (29 mètres), dont elle s'inspire. Des difficultés de financement retardent considérablement les travaux, qui ne s'achèvent qu'en 1633. À cette époque, l'art du vitrail coloré est déjà en déclin, ceux de Saint-Eustache font partie des rares vitraux colorés de cette période. Elle est équipée d'un grand orgue depuis le XVIe siècle, qui sera remanié à plusieurs reprises, et reconstruit presque intégralement en 1989. Il s'agit du plus grand orgue de France avec près de 8000 tuyaux. Au XVIIIe siècle, des rénovations (dont Mansart puis Louis-Pierre Moreau sont les architectes) sont entreprises mais, faute de moyens, la tour sud de la façade reste inachevée. L'église, déjà grande, aurait probablement atteint une taille et une hauteur impressionnantes si les travaux avaient rencontré moins d'obstacles.

Durant la Révolution, l'église est fermée au culte catholique pour devenir temple de l’Agriculture. Rouverte en 1795, elle est concédée partiellement aux théophilanthropes : le bâtiment et son mobilier sont gravement endommagés. De 1846 à 1854, une restauration complète de l’édifice est dirigée par Victor Baltard (qui dessine le buffet d’orgue, la chaire, le maître autel, et qui supervise la réfection de toutes les peintures). Ce dernier fait ausi construire les pavillons pour le marché des Halles, qui sont démolies dans les années 1970.

L'histoire de l'église Saint-Eustache est liée à celle de personnages illustres de l'Histoire de France : Richelieu y est baptisé, ainsi que Molière, tandis que La Fontaine y est enterré. En 1649, le jeune Louis XIV fait sa première communion. C’est là aussi que le Père Senault, de l’Oratoire, prononce l’oraison funèbre d’Anne d’Autriche en 1666 ; et dix ans plus tard, Fléchier celle de Turenne ; Massillon prêche à plusieurs reprises, notamment en 1704 où il donna son fameux sermon sur « le petit nombre des élus ». Le 30 décembre 1721 est baptisée une enfant nommée Jeanne Poisson, qui sera connue sous le nom de Madame de Pompadour. Le 4 juillet 1778, Mozart vient pleurer à Saint-Eustache, aux funérailles de sa mère ; quelques années après, le corps de Mirabeau y est déposé en grande pompe. Le 30 avril 1855, Berlioz dirige à Saint-Eustache l’éxécution de son Te Deum et le 15 mars 1866, Liszt assiste à la première audition de sa messe solennelle, dite de « Gran ».

L'église abrite de nombreux chef-d'œuvres (peintures, sculptures, tombeau de Colbert, chapelle de la Vierge, banc d'œuvre de Pierre Lepautre, mobilier dessiné par Victor Baltard...), dont L'Extase de la Madeleine de Rutilio Manetti (vers 1625) dans la chapelle Sainte-Madeleine. Il est également possible d'assister à des concerts ou festivals de musique, notamment Les 36h de Saint-Eustache, qui, outre la musique classique ou sacrée, propose aussi d'entendre des musiques actuelles.