[expo] Figures du fou au musée du Louvre : Éloge de la folie

Maître de 1537, Portrait de fou regardant à travers ses doigts ©Anvers, The Phoebus Foundation

Dans l’espace du hall Napoléon, le musée du Louvre consacre une foisonnante exposition à la folie à travers l’histoire de ses métamorphoses, rendant brillamment raison de ses représentations.

Cet autre qui n’est pas banal, que l’on reconnaît à sa marotte ou a son costume bariolé, qui dit ce que les autres taisent et révèle depuis la marge les contours de la page à lire et de la vie à mener quand on est raisonnable, qui est-il ? Naît-il dans un œuf ? Navigue-t-il sur une nef errante, comme chez Bosch ? Mérite-il d’être trépané, enfermé, ou casqué de fer comme l’en menace l’armet de Konrad Seusonhofer ? Doit-on plutôt l’écouter parce qu’il sait, comme le bouleversant Stańczyk, peint par Jan Matejko en 1862, que la fête est un leurre et que les hommes dansent toujours sur des volcans ?

Partout sont les fous…

L’exposition, pensée par les conservateurs Elisabeth Antoine-König et Pierre-Yves Le Pogam, offre l’occasion d’une magnifique déambulation entre les œuvres. Manuscrits enluminés, livres imprimés et gravures, tapisseries, peintures, sculptures, objets précieux ou du quotidien (ainsi le porte-serviette au fou libidinal de 1535 !) montrent combien le fou est partout, ricanant ou grave, parfois bouffon et parfois philosophe (malheureux Aristote chevauché par Phyllis !) et combien ses figures sont diverses : érotiques, scatologiques, tragiques ou violentes, des énormes gargouilles aux minuscules marginalia des textes médiévaux…

Où est le sage ?

Si les fous sont légion, les folles ne manquent pas à l’appel, des vierges folles à Jeanne ainsi surnommée ! Tout rend fou : de l’amour à sa perte, du pouvoir à sa chute, du manque de Dieu à son trop-plein, comme chez saint François, l’enthousiaste jongleur. Vanités et danses macabres, ronde des follets et frénésie des danseurs mauresques, bien fol qui se fie à la puissance glorieuse de la raison qui croit reléguer la folie dans les ténèbres, pendant que triomphent les Lumières. Avec les Romantiques, revient le fou, et l’autoportrait de Courbet clôt l’exposition comme un miroir. Une question alors, à méditer en sortant : quel est le sage assez fou pour croire que les fous sont enfermés au Louvre ?

Exposition Figures du Fou au musée du Louvre, à découvrir jusqu'au 3 février 2025

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