[expo] Georges Mathieu ressuscité par la Monnaie de Paris

Peintre flamboyant et controversé, Georges Mathieu retrouve 54 ans après les salons de la Monnaie de Paris pour une rétrospective grandiloquente. Une relecture bienvenue d’un artiste adulé avant d’être ringardisé, pionnier de l’abstraction lyrique.
Il se définissait lui-même comme le peintre le plus rapide du monde ! Ce n’est pas pour rien que cette monographie, coproduite avec le Centre Pompidou, s’intitule Geste, vitesse, mouvement. Dès les années 1950, cet autodidacte plonge dans un art informel et performatif, nourri notamment par sa découverte de Jackson Pollock. « Très demandé à travers le monde, il se déplace les mains dans les poches car il crée toutes les œuvres in situ et met 1h30 pour peindre des très grands formats », explique Christian Briend, l’un des trois commissaires aux côtés d’Eric de Chassey et Béatrice Coullaré.
Un peintre showman
Sans esquisse, ni préméditation, Georges Mathieu (1921–2012) suit son instinct, se jette sur la toile et impose un nouveau type d’abstraction d’abord inspiré par l’Histoire. Jusque dans les années 1960, peintes en public, filmées, minutées, ses toiles incarnent une peinture en transe, théâtralisée, où le pinceau devient l’arme d’un duel avec la toile. Si le parcours est chrono-thématique, l’entrée en matière dans le Salon Dupré est pour le moins spectaculaire avec le jaillissement de trois peintures monumentales : La Bataille de Bouvine, Les Capétiens partout ! et La Victoire de Denain qui illustrent parfaitement son style exubérant où le trait et la couleur sont totalement libérés.
Une abstraction populaire
Mais Georges Mathieu ne s’est jamais contenté que des cimaises. On lui doit des affiches pour Air France, des bijoux, des céramiques, des médailles, le logo d’Antenne 2 et même une pièce de dix francs frappée à 674 millions d’exemplaires. Ce goût pour la démultiplication manifeste une volonté de partage… voire d’omniprésence médiatique, ce qui lui sera reproché ! L’exposition éclaire ainsi les paradoxes de cet artiste dandy habité et excessif, mais toujours en mouvement. Et pour celles et ceux qui souhaitent prolonger l’expérience, un parcours parallèle est consacré à sa filiation avec des artistes issus du graffiti (Lek et Sowat, Jonone, Futura, ou encore Nassyo), en résonance libre avec son geste. Comme un écho inattendu entre deux générations d’insurgés de la forme.
Exposition Georges Mathieu au Musée de la Monnaie de Paris, à découvrir jusqu'au 7 septembre 2025
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