[expo] Rick Owens au Palais Galliera : L'élégance du chaos

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Le Palais Galliera célèbre l’un des créateurs les plus radicaux de la mode contemporaine avec une exposition immersive et monumentale. Entre sacré et subversion.

Aussi culte que discret, Rick Owens a construit en trois décennies un univers à part, nourri d’esthétiques gothiques et punk aux marges du système. À travers cette rétrospective intitulée Temple of Love – clin d’œil au groupe The Sisters of Mercy – il transforme le Palais Galliera en un sanctuaire païen hanté par ses icônes, ses blessures et ses visions où chaque vêtement devient un autel.

Une autre vision de la mode

Rick Owens ne conçoit pas une exposition comme une simple mise en vitrine. Il transforme le musée de la mode en une œuvre totale où tout concourt à une immersion sensorielle et spirituelle. Dès l’entrée, les visiteurs sont plongés dans une pénombre aux murs tendus de feutre brun, une matière centrale dans ses créations. Les silhouettes, aux visages d’androïdes et aux chevelures huilées, semblent participer à un rituel, en suspens entre science-fiction dystopique et procession sacrée. Les neuf « chapelles » introduisent ses références et ses obsessions : le glamour hollywoodien des années 1930, Charles James, le détournement, l’Art Déco… depuis ses débuts en 1992 à son installation en 2003 à Paris avec Michèle Lamy, sa muse, sa partenaire et son double artistique.

Beauté décadente

Dans la deuxième salle où s’alignent les podiums, il a ouvert les rideaux du musée pour laisser entrer la lumière naturelle, une première à Galliera. Il accepte l’altération comme partie prenante de son processus créatif, dans une forme de beauté imparfaite, en opposition au fétichisme du neuf. De part et d’autre de cet espace, deux univers se font face : l’un, interdit aux mineurs et aux photos, célèbre la « joie de la décadence » ; l’autre met en scène la chambre nuptiale du couple à Los Angeles avant de partir en n’emportant que les livres.

Au-delà des murs

Dans le jardin, trente PRONGS, des sculptures brutalistes en béton inspirées du mobilier dessiné par le créateur émergent, tandis qu’il a travaillé les parterres de fleur avec des ipomées bleues qui lui rappellent son enfance californienne. La façade Renaissance voit ses trois statues enveloppées d’un coffrage recouvert de capes brodées de sequins, dans une geste quasi liturgique, pour devenir les « Sisters of Mercy » (toujours en référence au groupe de rock gothique) arborant les fameuses épaules pointues.

Exposition Rick Owens, Temple of Love, à découvrir au Palais Galliera jusqu'au 4 janvier 2026

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