[expo] Robert Doisneau au Musée Maillol : Un regard libre

Autoportrait au téléobjectif, 1956 © Atelier Robert Doisneau

Robert Doisneau est à l’honneur d’une grande rétrospective au Musée Maillol, présentant 400 clichés qui dévoilent pour certains des pans méconnus de la carrière du photographe.

« Désobéir me paraît une fonction vitale et je dois dire que je ne m’en suis pas privé. » Cette citation insoumise de Robert Doisneau ouvre l’exposition que lui consacre le Musée Maillol, portrait d’un photographe définitivement libre et curieux qui n’a cessé de porter son regard étonné sur ses contemporains. À commencer par son intérêt pour l’enfance, en écho à la sienne, lui qui est né en 1912 à Gentilly et a été marqué par la Grande Guerre. Ses clichés espiègles – sans doute parmi ses plus connus – d’enfants en classe ou jouant dans la rue ouvrent le parcours qui procède de façon thématique.

Portraits d’une époque

Plus loin, ce sont des visages célèbres qui se dévoilent : ceux notamment de Picasso – aux mains faites de petits pains –, de Fernand Léger, de César ou encore d’Alberto Giacometti, pour certains voisins de l’atelier du photographe à Montrouge. Dans celui-ci, il aime d’ailleurs à bricoler et expérimenter afin de rendre plus ludiques ses travaux de commande pour la publicité ou la presse. Il use de collages, de distorsions et de déformations, à l’instar d’une tour Eiffel courbée ou d’un couple emporté dans une spirale. Pour le magazine Vogue, Doisneau s’amuse aussi des mondanités en signant de cocasses photos de bals, tandis qu’il trouve davantage sa place dans les bistrots. Il y croise les écrivains Robert Giraud ou Jacques Prévert ainsi que d’autres habitués qui peuplent ses clichés témoignant d’un Paris aujourd’hui enfui.

Travailleurs et banlieue

Volontiers dirigé vers les classes populaires, l’œil de Doisneau n’a cessé de donner de la dignité aux laissés-pour-compte, aux mineurs, aux prostituées… Un engagement qui remonte à son expérience, entre 1934 et 1939, de photographe salarié chez Renault. Méconnue, cette dernière se dévoile au travers d’images du quotidien des travailleurs dans les usines automobiles de l’île Seguin. L’exposition fait aussi dialoguer deux séries de clichés de la banlieue, ceux pris en noir et blanc dans les années 1940 avec ceux réalisés pour la Mission photographique de la DATAR en 1984 – des images en couleurs des grands ensembles et pavillons. Une manière de saisir toute la trajectoire de ce photographe qui a su montrer le monde tel qu’il le voyait en étant toujours ouvert à la possibilité de la rencontre.

Exposition Robert Doisneau, Instants donnés, à découvrir au Musée Maillol jusqu'au 12 octobre 2025

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