À son image

Antonia, jeune photographe corse, plongée dans les luttes du FNLC par amour pour un activiste acharne nous permet au travers de son objectif de parcourir les années noires de la lutte armée indépendantiste corse de 1980 au début du XXI siècle... un film teinte d'une âpre violence mêlée à un amour puissant qui lui confère toute sa profondeur...

Bien en deçà du très bon roman de Jérôme Ferrari. Extrêmement lent avec une voix off insupportable et une héroïne qui fume, fume et fume.

C'est très rare qu'il y ait une telle osmose entre la forme et le fond. Alors, quand un réalisateur Thierry de Peretti (Enquête sur un scandale d'état) y parvient à partir d'un sujet complexe qui serait en quelque sorte l'histoire politique de la Corse de 1980 au début du vingt-et-unième siècle, il faut saluer la performance du choix d'un récit fragmentaire dont l'héroïne est une observatrice, presque une participante passive, par sa passion, la photographie.
Le destin d'Antonia nous étant annoncé d'emblée, À son image procède ainsi d'une reconstitution, d'un retour sur un parcours balisé par une voix off dont on apprendra tardivement à qui elle appartient.
Entre amour et engagement, entre espérance et désillusion, la trajectoire d'Antonia porte en elle le destin de toute une jeunesse insulaire confrontée à la radicalisation et à la mythologie romantique d'un combat qui finit par se résumer à l'accumulation des victimes.
Avare de plans rapprochés, mettant en évidence la prééminence du groupe et de la famille (les scènes entre Antonia et ses parents sont à la fois drôles et tragiques), Thierry de Peretti recourt aux images d'archives comme aux photos pour étayer un récit d'une fluidité remarquable, y compris dans l'escapade sur un autre théâtre d'opération (Vukovar en Croatie) qui tisse des parallèles entre les deux endroits;
On retrouve ici la même énergie des acteurs amateurs qu'on avait déjà remarquée dans Borgo au printemps dernier. Il y a ici une authenticité et une simplicité du jeu qui confinent à une espèce de grâce qui contribue aussi à la réussite d'un film majeur.

Film très bien réalisé et acteurs et figurants de qualités. À voir absolument. Très réaliste sous forme de reportage.

Sur fond de luttes violentes du FLNC dans les années 1980 et 1990 en Corse, le film est le portrait touchant et nostalgique d'une jeunesse sacrifiée, en particulier les femmes. La révélation Clara-Maria Laredo est magnifique en jeune photographe qui promène sa tristesse et ses désenchantements.