Agnus Dei-2008

En 2002, l’Argentine sombre dans une crise économique qui bouleverse le paysage social du pays. Les kidnappings se multiplient et Arturo, vétérinaire de 77 ans, est enlevé à Buenos Aires. Les ravisseurs prennent contact avec sa petite fille Guillermina, qui décide de faire appel à sa mère Teresa. Vingt ans auparavant, son mari, père de la jeune femme, a été assassiné par les autorités de la dictature militaire, desquels Arturo était par ailleurs très proche… Pour Teresa, qui vit depuis en France, le retour est épineux: les conflits entre générations, la rançon à rassembler, les secrets de famille et les silences non résolus se mélangent dans ce film qui, politique et intimiste, rapproche deux moments fondamentaux de l’histoire argentine.

Entre passé et présent, ce premier long-métrage de Lucia Cedrón fait le choix du courage et de la responsabilité pour ce qui concerne le politique. Bien que cette binarité s’essouffle pour ce qui est de la narration, le film reste sensible, délicat, intelligent : les personnages ne sont jamais plats, l’ambiance familiale est lourde et complexe, certaines séquences (ainsi qu’une chansonnette mémorable) sont absolument émouvantes et tragiques. « Il était une fois un monde à l’envers où les agneaux étaient méchants et les loups gentils » : en revenant sur son propre passé, Lucia Cedrón nous livre un long-métrage dans lequel les apparences ne s’avèrent jamais suffisantes, et rejoint une « nouvelle vague » de cinéastes argentins qui reste disparate mais parfois pleine de talent. À ne pas rater !