Berberian Sound Studio

Italie 1976 : ingénieur du son renommé, introverti et proche de sa mère, Gilderoy débarque à Berberian Sound Studio pour y mixer un film. Le titre, “Vortex équestre”, lui a fait croire à un documentaire animalier, sa spécialité. Or il s’agit du dernier “Giallo” (film d’horreur) de Santini, maestro du genre, tel les Bava, Argento et autres Fulci. C’est le choc des cultures : le producteur est tyrannique, le réalisateur futile, la secrétaire revêche, le comptable fuyant et les techniciens d’un mutisme contrastant furieusement avec les cris et bruits sinistres hantant les lieux par ailleurs minables. Dès lors, entre les indications sordides sur les tortures, meurtres et hurlements à illustrer, les légumes massacrés pour le bruitage, les attitudes des personnes qu’il croise alliant l’étrange au manipulateur, Gilderoy se met à interroger sa propre fascination pour la cruauté…

Ne montrant ni meurtre ni effusion de sang, suggestif, et d’un humour glaçant, sélectionné au Festival de Gérardmer et lauréat des prix “meilleur réalisateur“, “meilleur acteur”, meilleures “Production” et “collaboration artistique” au Moet British Independent Film Awards, ce deuxième film de Peter Strickland “n’est pas un film d’horreur en soi”, confie le réalisateur, mais destiné à “explorer notre fascination pour la violence, l’implication du public dans sa montée sur les écrans”.