Eau argentée

« Si ta caméra était ici à Homs que filmerais-tu ? » lui a-t-elle écrit un jour. Entrés en relation trois ans plus tôt via Facebook, quand ils se rencontrent salle du Soixantième à Cannes, Ossama Mohammed, 60 ans, réalisateur syrien réfugié à Paris depuis 2011, et Wiam Simav Bedirxan, 35 ans, Syrienne kurde de Homs, ne s’étaient jamais vus. Artiste culte des jeunes syriens, Ossama Mohammed cherchait depuis son exil à les aider. Au cœur des combats, Wiam Simav Bedrixan lui a donc envoyé et commenté des images du martyre de leur peuple qu’il a montées à Paris. Le résultat est cette œuvre essentielle, atypique, qui nous plonge au cœur d'une tragédie humaine née des manifestations pacifiques scandant « liberté et dignité » violemment réprimées par les forces de sécurité du président Bachar al-Assad. Se dévoilent alors, entre scènes insoutenables et mots d’une poésie re-créatrice (son sens étymologique), la réalité sur place comme celle enfouie en nous-mêmes.

Heureusement, après que la sidération a fait place à la révolte et à un écœurement emprunt d’un sentiment d’impuissance, l’irruption, dans le film, du jeune Omar (10 ans) puis de la rencontre entre le réalisateur et Wiam Simav, rend ses droits à la vie et à l’espoir. Soutenu par Amnesty International, Eau argentée est la traduction du prénom Simav.