Irène

Jadis marié à une femme décédée beaucoup trop tôt, le cinéaste revient sur ce passé lointain et spectral. Enquêtant sur les différentes traces et indices de leur existence commune, un narrateur serein et fantasque s’intéresse aux lettres, aux objets et aux photographies d’Irène. Lors de ce travail archéologique sur un amour perdu, il reste sans cesse « habité » par cette femme dont il ne garde que les souvenirs, et qu’il tente de retrouver par le biais du cinéma. Aventure de la mémoire et litanie présente, Irène radicalise une obsession des fantasmes totalement cinématographique, avec intimisme et sincérité.

Multipliant les procédés stylistiques, Alain Cavalier nous livre un long métrage singulier et saisissant, qui n’a pas manqué de surprendre le jury de plusieurs festivals (Sélection « Un certain regard », Cannes 2009). Revenant sur les traces écrites ou visuelles de cet « étrangère » vieille de presque quarante ans, il nous pose des questions tout à fait actuelles : comment construire une histoire personnelle qui ne soit pas purement narrative, mais également imaginaire ? Défiant la notion de genre et les impératifs d’un cinéma spectaculaire, le réalisateur parcourt sa propre intimité et nous l’offre sans pudeur.