Le Voyage de Primo Levi

Janvier 1945. Libéré d’Auschwitz par l’Armée Rouge, Primo Levi endure un long parcours avant de rejoindre sa Turin natale. Détaillé dans « La trêve », cet itinéraire tortueux est reproduit par Davide Ferrario plus de soixante ans après. Suivant les pas et les impressions de l’écrivain, il nous dévoile les ruines industrielles du post-communisme en Pologne, les tensions entre prorusses et nationalistes en Ukraine, le maintien des structures soviétiques en Biélorussie, les conséquences accablantes de Tchernobyl, les phénomènes de migration dans un espace européen toujours inégalitaire et hiérarchisé, ou encore, les dérangeants meetings néo-nazis en Autriche…

En dressant un portrait actuel des endroits naguère commentés par Primo Levi, Davide Ferrario jette la lumière sur des problèmes historiques trop vite oubliés par la civilisation occidentale. « La trêve » étant pour nous aussi finie après le 11 septembre, ce road-movie sans acteur cherche non sans délicatesse des visages et des paroles sombrés dans l’anonymat, et pourtant si révélateurs ! Sans manichéismes, Le voyage de Primo Levi confronte son spectateur aux problèmes du rapport au passé, du rapport à la mémoire, du rapport à une mondialisation incontournable, mais dont les conséquences dans le quotidien des gens sont souvent cachées par un silence complice ou par la grandiloquence de discours politiques beaucoup trop cérémonieux!