Les Esprits libres

Si le sujet (une résidence théâtrale de personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer) peut sembler raide, rébarbatif et antonyme complet d'une bonne et joyeuse soirée, se serait à la fois réducteur et dommage de se cantonner à cette première impression mensongère.
En effet, le film, bien que sous tendu continuellement d'un aspect documentaire au fort potentiel réflexif sur notre manière de penser le soin et l'accompagnement, transcende largement la critique sociale pour nous faire ressentir de nombreuses émotions.
Attendrissement de tous les instants face à des interactions si poétiques qu'on les croiraient écrites, fenêtre ouverte sur ce qu'il peut se passer dans la conscience des grands oublieux de notre société, et plaisir visuel évident face aux grandes qualités photographiques du film.
Le montage est tout particulièrement digne d'intérêt, avec un usage des voix offs sur de lents travellings contemplatifs qui nous laissent pleinement nous imprégner de sages haïkus nonagénaires.
Je ne pense pas oublier cette séance de sitôt.

Bien qu’un peu effrayée par le sujet (Alzheimer…), j’ai été enthousiasmée par ce documentaire beau et sensible. L’expérience théâtrale relatée est l’occasion de découvrir non des malades et des soignants mais des personnes formidables. Les dialogues entre les résidents, en proie pourtant à des difficultés avec le langage, sont souvent beaucoup plus drôles, poétiques, philosophiques que les conversations habituelles de ceux qui ne perdent pas leurs mots. On quitte la salle alerte, le cœur touché et l’esprit ouvert par ce moment d’humanité partagée.