Les Temps des amoureuses

Cinéaste et vidéo-artiste intimiste et anachronique, Henri-François Imbert fait la rencontre d’Hilaire Arasa, dans les halles de leur Narbonne natale. Au fil de la conversation, le réalisateur découvre que ce monsieur sympathique a tourné avec Jean Eustache dans Mes petites amoureuses, film qu’il affectionne à plusieurs titres. De cette rencontre naîtra le désir de retrouver la bande de jeunes qui figurait dans ce classique du cinéma français. Sous les pas d’Hilaire, le réalisateur reviendra sur les traces de l’ancien tournage, croisant au passage quelques hommes et femmes qui ont donné leur corps et leur interprétation à la réalisation de cette œuvre.

Pour tourner un film sur le temps qu’un autre film peut durer, Henri-François Imbert met en place un dispositif cinématographique ouvert et nostalgique : le scénario, « en direct », suit le rythme des « recherches », et la voix off module le propos filmique par une sentimentalité qui temporalise autrement le cinéma. L’approche est donc à la fois personnelle et émulatrice, presque poétique, et permet de mettre en scène l’itinéraire d’une aventure anachronique. Sensible aux couleurs et aux écarts du temps, Imbert semble poser avec délicatesse la question suivante : quel fixité du souvenir face aux mouvements d’un tournage ?