Making of

Dans son quartier, Bahta est un chef ; il règne sur sa bande de danseurs de rue, se moquant de la police qui lui court après et de ceux qui les traitent de « voyous ». Cependant, du haut de ses 25 ans, il erre dans la ville tunisienne, conscient qu’un avenir fait d’ennui et d’échecs se dessine devant lui. Comme pris au piège, il rêve de partir vers l’Europe réaliser ses rêves de grandeur. Bahta veut devenir quelqu’un, être enfin un homme. Au moment où les U.S.A. envahissent l’Irak, sa frustration s’associe à cette humiliation faite au peuple arabe : il décide de fuir sa vie vagabonde en quête de respect. Recueilli par un pieux marbrier, il commence à apprendre un métier tout en écoutant avec soin les paroles religieuses de son bienfaiteur. L’Islam prôné par cet homme peut redonner un sens à son existence, faire de lui un grand homme… un martyr.

Dans cette oeuvre, Nouri Bouzid choisit d’aborder la question délicate de l’Islam radical et de la dérive terroriste. Il le fait avec beaucoup d’intelligence et de finesse, ponctuant le film d’interruptions surprenantes où l’acteur s’adresse directement au réalisateur (d’où le titre « Making Of ») : un moyen de multiplier les voix du débat. Il est rare d’entendre un tel discours sur l’Islam. Au-delà du scénario original et des interprétations réjouissantes, les spectateurs trouveront ici l’occasion d’éprouver leurs points de vue sur ce sujet grave.