Noces (Strawinsky/Ramuz)

Pendant la Première Guerre Mondiale, Igor Stravinsky s’installe en Suisse, où il se lie d’amitié avec l’écrivain Charles Ferdinand Ramuz. Cette proximité scelle aussi l’avènement d’une foisonnante collaboration intellectuelle, qui s’avèrera décisive dans la formation du compositeur russe. Quelques années après l’achèvement de ses Noces, Ramuz revient sur le travail effectué pendant cette période, en publiant l’ouvrage Souvenirs sur Igor Stravinsky. De nos jours, un chef d’orchestre et une comédienne répètent ces « scènes chorégraphiques » reprises dans le titre du documentaire.

De nombreux commentateurs s’accordent à dire que la rencontre avec Ramuz traduit un véritable tournant dans le style de Stravinsky. Si l’expressionnisme quelque peu primitif de ce-dernier était déjà présent dans le Sacre du printemps (1913), Les Noces accentuerait son goût des traditions populaires et fonctionnerait comme un aperçu approfondi du milieu rural. L’argument semble d’autant plus justifié que l’œuvre précède la période dite « néoclassique » du compositeur russe, pendant laquelle l’artiste se penche sur des thèmes issus de la mythologie gréco-romaine. Le réalisateur Philippe Béziat se concentre donc sur une époque moins connue de la carrière de Stravinsky, ce qui n’ira pas sans plaire aux mélomanes.