Souvenir

Frustré de ne jamais avoir connu la gloire, le chanteur Yoo-bong prend les petits Song-hwa et Dong-ho sous son aile : à la première il enseigne le chant, et à son beau-fils il enseigne les techniques du tambour traditionnel. Les trois traversent le pays dans un quotidien artistique et misérable, jusqu’au jour où le jeune adolescent abandonne carrière et famille pour fuir la pauvreté. Au long de ses aventures personnelles, Dong-ho reste à la recherche de sa sœur devenue aveugle : après la mort du père, il s’y lance véritablement, pour y croiser son passé et sa vocation. Le portrait délicat et nostalgique de deux personnages qui s’aiment, avec en arrière-fond des chants, des paysages défigurés et des réflexions toute proustiennes sur le présent et sur le temps !

Pour son 100ème film, le grand réalisateur sud-coréen Im Kwon-taek nous livre un long-métrage sur la vie, sur le temps et sur l’amour. Le récit est mené par les péripéties du personnage masculin, mais la chanteuse est toujours là comme une absence à combler. Entre les flashbacks et les images jaunies d’un passé perdu, la narration est sans cesse dédoublée : passé et présent, présence et absence, frère et sœur, les deux côtés d’une même monnaie. Dialectique amoureuse si on veut, tout aussi bien que l’histoire d’une Corée qui s’est modernisée beaucoup trop vite pour ne pas regretter un passé et une tradition qui perdurent. Un rendez-vous cinématographique, qui plaira certainement aux amateurs de culture et de musique coréennes !