Michael Haneke : Profession réalisateur

" Je prends le spectateur au sérieux ". Ainsi commence ce documentaire exemplaire. A preuve, de 1989 à 2012 ses 11 réalisations ont toujours refusé au public ce qu’il attend afin de le déstabiliser, le piéger à son jeu de consommateur de violence, l’obliger à affronter la réalité non à travers la Vérité mais celle qu’il peut recevoir. En éternel mouvement et maîtrisant tout sur un tournage, son humour, ses attentions et sa vision font, dixit les artistes interviewés, que ces derniers rejoignent toujours son point de vue. Les phrases s’enchaînent, éclairantes : " Comme disait Lénine, la confiance c’est bien, le contrôle c’est mieux ", " Je ne fais pas ce métier par carrière mais par amour ", " Tout peut se vendre avec une belle esthétique "… Ainsi, depuis Le 7e continent (1989), " une histoire où des humains attendent la mort dans une vie invivable ", jusqu’à Amour (2012), " des gens ayant une vie normale qui cherchent à mourir dans la dignité ", découvre-t-on comment le tenant du " concept épuré de son superflu " en est venu à privilégier les comédiens et les émotions.

Connaître ou pas l’œuvre de Michaël Hanecke importe peu. C’est d’Art, de création, d’humanité qu’il est ici question jusqu’à ce dernier aveu malicieux du réalisateur : " Pour pardonner, il faut aimer. Mais tout le monde n’est pas capable d’amour ".