Christelle Téa, Musées dessinés

Christelle Téa : le diable est dans le détail

Jeune artiste amoureuse de Paris et de ses musées, Christelle Téa a passé tout un automne à Cognacq-Jay, l’hôtel particulier du Marais abritant la collection d’œuvres du XVIIIe siècle constituée par les fondateurs de La Samaritaine.

Paris caché

Assise des journées entières sur une chaise devant un grand carton tenu à la verticale, stylo entre le pouce et l’index, l’artiste de 30 ans y a croqué ses alcôves, ses visiteurs, ses employés, sur des papiers format raisin (50 par 65 cm). Encouragée par la conservatrice de Cognacq-Jay, elle a reproduit l’expérience à 14 musées de la Ville de Paris, dont certains temporairement fermés (le musée Cernuschi, le palais Galliera, la maison de Victor Hugo, le musée Carnavalet…). Ses dessins, réalisés d’un seul jet à l’encre de Chine noire, dévoilent l’existence d’un Paris méconnu, l’envers d’adresses habituellement assaillies de touristes.

La force du trait

Fille de restaurateurs, Christelle Téa a aiguisé la mine de son crayon sur les clients de ses parents, dans la salle de leur établissement, tentant d’en figer l’ambiance. Formée à la communication visuelle à l’École Olivier de Serres et aux Beaux-Arts de Paris, elle travaille à révéler à travers des détails les personnalités de ses sujets. Partant d’un minuscule élément, elle confie que sa « composition se déploie comme un lierre », formant peu à peu un ensemble guidé par sa main. Elle réserve les couleurs d’aquarelle aux voyages et ses représentations en noir sur blanc d’un Paris gris révèlent des perspective inédites, vibrantes, vivantes. Sous son regard, le bitume craque, les conférenciers sont envahis de bulles, un lit à la polonaise donne envie de se rouler dans ses tentures de soie, des escaliers nous attirent, on croule sous les crânes des catacombes… Rassemblées pour la première fois en une exposition, les fioritures d’une grande richesse de « ses musées dessinés » font apparaître leur essence.