[expo] Frank Horvat au Jeu de Paume : Derrière les images

Cet été avec « Frank Horvat. Paris, le monde, la mode », le Jeu de Paume rend hommage au photographe disparu en 2020, avec une exposition qui éclaire le début de sa carrière, entre photojournalisme et mode.
Les débuts d’un reporter
Il disait qu’« il était le moins connu des photographes célèbres », raconte sa fille, Fiammetta. Cette expression dit la modestie d’un photographe qui a toujours cherché à se réinventer et à ne jamais refaire ce qu’on attend de lui. Composée de 170 tirages, dont certains inédits, et reposant sur les archives de son studio établi à Boulogne-Billancourt, l’exposition du Jeu de Paume retrace les quinze premières années de sa carrière, de 1950 à 1965. Débutant alors que le jeune homme rêve de rejoindre l’agence Magnum.
Henri Cartier-Bresson lui conseille avant tout d’acheter un appareil Leica et de partir en reportage. Ce que Frank Horvat fera, tandis que le parcours s’ouvre avec des clichés pris au Pakistan, en Inde ou en Jordanie, où il parvient à révéler l’intimité de ses sujets. Revenu de ses voyages et installé à Paris, il collabore à la revue Réalités. Il se passionne notamment pour un reportage sur le proxénétisme, auquel il insuffle « une ambiance de roman noir, très cinématographique », détaille la commissaire de l’exposition, Virginie Chardin. C’est ensuite dans un cabaret de Pigalle, le Sphinx, qu’on le retrouve, s’assurant de la complicité amusée des strip-teaseuses et confrontant les voyeurs. Armé d’un téléobjectif, il se fait aussi lui-même observateur, cette fois des foules et du paysage urbain.
De la mode au monde
Remarqué pour son travail de reportage parisien, les portes de la mode s’ouvrent à lui. La suite de l’exposition se concentre sur les clichés iconiques de Frank Horvat, qui adapte son savoir-faire de photojournaliste au service de mises en scène décalées et pleines de vie. À l’instar d’Anna Karina, robe Chanel, captée en plein milieu du marché des Halles. Puis pour le mythique Harper’s Bazaar, il immortalise les mannequins les plus célèbres de son époque pour créer des portraits toujours plus percutants.
C’est finalement en revenant à son premier amour que cette période se conclut. Parti de par le monde, de Sydney à Los Angeles en passant par Tokyo ou Rio de Janeiro, il en ramène un récit aussi riche que mélancolique : « J’aime moins témoigner du monde que de mes propres états d’âme », disait-il.
Exposition Frank Horvat au Jeu de Paume Paris, à découvrir jusqu'au 17 septembre 2023
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