[expo] Les Mondes de Colette à la BnF : Le regard accroché

Colette en couverture de La Revue théâtrale, photo par Maurice Couture

La BNF passe l’automne en compagnie de Colette avec un portrait kaléidoscopique réunissant tous ses avatars : une femme auteure d’elle-même, libre et dégagée, qui s’expose pour mieux regarder.

« Pas de narration, bon Dieu ! Des touches et des couleurs détachées, et aucun besoin de conclusion ! » écrit Colette à son amie Marguerite Moreno, en septembre 1924. L’exposition pensée par Emilie Bouvard, Julien Dimerman et Laurence Le Bras avance ainsi, par sauts et gambades, entre le jardin perdu de Saint-Sauveur-en-Puisaye et la cour du Palais-Royal, entre le music-hall de la lascivité immorale et la réclusion arthritique de l’appartement au-dessus des frondaisons, entre Rozven et Treille Muscate, amours scandaleuses et baisers licencieux. Amante des hommes et des femmes, amie des bêtes, la vagabonde semble s’amuser à perdre ceux qui essaient de la suivre dans les méandres de l’exposition.

Vie d’artiste

Un entretien filmé avec Jean Cocteau, au mitan du parcours, montre l’insaisissable, qui s’offre sans se livrer, minaude en finaude, comme un chat résolument hostile au collier monogame et à la laisse des honneurs et du monde. Plus souple que résistante, Colette a tout du vif-argent. Si les vrilles de l’âge finissent par la clouer dans son appartement parisien, rien ne peut contenir son esprit et sa plume, qui s’intéressent à tout. Romancière, journaliste, chroniqueuse judiciaire, scénariste et publicitaire, comédienne et même esthéticienne : on découvre la vie de Colette comme on visite un jardin, en rêvant entre les points de vue.

Synesthésies

Plus de 350 pièces sont réunies (manuscrits, peintures, photographies, estampes et costumes) : elles éclairent les thèmes traversant l’œuvre et la vie (le féminin, l’identité, l’émancipation, la nature et le désir) en montrant le lien indéfectible entre écriture et existence. Les motifs croisent la chronologie, les enfants rencontrent les chiens, les maris succèdent aux amants, les maîtresses côtoient les amies, l’odeur saline de la criste marine contraste avec le parfum sulfureux des cocottes. Les peintures originales de Giulia Andreani scandent les étapes de ce parcours sensible et réflexif qui prouve qu’on ne peut séparer l’œuvre de l’artiste.

Exposition Les mondes de Colette, à découvrir à la Bibliothèque nationale de France – site François-Mitterrand jusqu'au 18 janvier 2026

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