[expo] Les Tribulations d'Erwin Blumenfeld, 1930-1950 : Une vie romanesque

Erwin Blumenfeld, Autoportrait New York, 1950-1955 (détail) © The Estate of Erwin Blumenfeld 2022

L'exposition du Musée d’Art et d’Histoire du Judaïsme retrace et éclaire une période charnière de l’œuvre du célèbre photographe de mode.

Art photographique

En deux denses décennies, Erwin Blumenfeld a autant marqué la photographie qu’il a connu une vie mouvementée. Commerçant à Amsterdam au début des années 1930, il propose à ses clients de leur « tirer le portrait ». En voyage de noces dans la ville néerlandaise, Geneviève Rouault, fille du peintre Georges Rouault, découvre sa boutique et lui propose de l’introduire dans le milieu artistique parisien, où il débarque en 1936. Erwin Blumenfeld y photographie pour des revues des artistes, les sculptures d’Aristide Maillol ou encore les collections du Musée de l’Homme.

Cette période parisienne est aussi celle du début d’un travail d’expérimentation à l’aide de miroirs, de verre dépoli, de lumières ou de méthodes de tirage comme la surimpression ou la solarisation. Il fait ainsi preuve d’un goût pour une représentation des corps féminins - abstraite, sculpturale et onirique, riche en références, à la fois moderne et classique. À l’image des reconstitutions photographiques de tableaux de maître qu’il réalise ou de divers clins d’œil qu’il glisse dans ses clichés.

Le succès d’un amateur

La reconnaissance arrive mais d’autres menaces pointent. Dès 1933, il crée un portrait d’Hitler en surimpression avec une tête de mort, traduisant une inquiétude qui ne sera que trop confirmée. Le début de la Seconde Guerre mondiale voit ainsi une longue errance du juif allemand Blumenfeld, déclaré « étranger indésirable » et interné dans plusieurs camps. Il finira par réussir à gagner New York avec sa famille seulement en 1941.

La suite de cette décennie marque toutefois l’affirmation de sa créativité. Devenu l’un des photographes les plus demandés, il continue à se décrire comme un « amateur […], une âme libre qui photographie ce qu’il aime et aime ce qu’il photographie ». Après des séries de photos de mode réalisées à Paris pour Vogue, Blumenfeld rejoint aux États-Unis le Harper’s Bazaar et réalise par la suite des couvertures pour plusieurs magazines. Il ne cesse alors d’introduire dans la photographie de mode « l’art en contrebande ». Poursuivant de son côté ses recherches formelles, il les incorpore dans ses clichés de mode pour leur donner une grâce mystérieuse et iconique. Signant le succès d’une vie digne d’un roman.

Exposition Les tribulations d'Erwin Blumenfeld, 1930-1950, à découvrir au Musée d'Art et d'Histoire du Judaïsme jusqu'au 5 mars 2023

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