[expo] Mark Rothko : Un peintre, entre ombre et lumière

Jusqu’au 2 avril 2024, la Fondation Louis Vuitton consacre une grande rétrospective au peintre Mark Rothko. 115 tableaux nous racontent l’itinéraire singulier d’un artiste en quête de perfection.

Après le Musée d’Art moderne en 1999, c’est au tour de la Fondation Louis Vuitton de créer l’évènement avec sa rétrospective consacrée à Mark Rothko. Et c’est la surprise dès la première salle. Car, oui, l’un des maîtres de l’abstraction du XXe siècle s’est essayé au figuratif. Dans sa jeunesse, le peintre, né Marcus Rotkovitch au sein d’une famille juive en 1903 à Dvinsk dans l’empire russe et émigré à l’âge de 10 ans à Portland aux Etats-Unis, retranscrit des scènes dans le métro, urbaines et mélancoliques, avec des personnages longilignes ou à peine esquissés. On retient son unique autoportrait où apparait déjà son caractère tourmenté. En éternel insatisfait, il tente le néo-réalisme, alors que la guerre fait rage, en s’inspirant de ses lectures de Nietzsche et d’Eschyle.

Des drames humains

Les choses sérieuses commencent en 1946, où il se lance dans ses compositions si caractéristiques aux rectangles superposés. Il multiplie les couches de pigments secs sur de la colle peau de lapin (il n’a jamais révélé ses secrets de fabrication) et trouve enfin son style. Curieusement, Rothko a toujours refusé le qualificatif de coloriste, lui qui se disait peintre de la lumière. Sur « ses drames humains », les couleurs, amies ou ennemies, fascinent et invitent à la méditation. Avec le temps et au fil des salles, l’expérience sensorielle, presque mystique (son étude du Talmud ?) se fait d’ailleurs de plus en plus immersive.

Des couleurs qui s’assombrissent

Le clou du spectacle reste les Seagram Murals, neuf toiles de 1958 et 1959, en provenance de la Tate Britain de Londres, qui devaient être accrochées au restaurant du Seagram Building de New York. L'artiste, anticapitaliste et finalement refusant l'usage décoratif de ses œuvres, avait alors renoncé à les livrer. Exposées dans la pénombre, celles-ci détonnent avec ses tons plus sombres et ces figures géométriques. En 1964, l’artiste ira jusqu’au noir, mêlé de brun, rouge et de violet, avec les Blackforms. En guise de final, les minimalistes Black and Gray (1969-1970), variations de noir et de gris, conversent avec deux statues émouvantes signées Giacometti. Une série testamentaire pour Rothko qui se suicide à New York en 1970, en laissant derrière lui un héritage monumental.

Exposition Mark Rothko à la Fondation Louis Vuitton : à découvrir jusqu'au 2 avril 2024

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