[expo] Tarsila do Amaral au Musée du Luxembourg : La voix du Brésil
Grand nom de l’art moderne brésilien, Tarsila do Amaral est à l’honneur cet automne d’une exposition au Musée du Luxembourg qui révèle toute l’importance de cette artiste.
Près d’un siècle après son arrivée en 1920 dans la capitale française, Tarsila do Amaral est enfin de retour à Paris. D’abord étudiante de l’Académie Julian, l’artiste brésilienne côtoiera ensuite la crème des avant-gardes de l’époque. Tarsila do Amaral façonna ainsi son art dans un dialogue constant entre son Brésil et le modernisme européen. Célébrée dans son pays, elle l’a beaucoup moins été ailleurs depuis sa mort en 1973. Il était donc temps qu’à Paris un hommage lui soit rendu, chose faite en cet automne au musée du Luxembourg.
Paysages modernes
Tarsila do Amaral, c’est d’abord un style qu’elle se forge, visant à incarner un Brésil moderne, et à fuir les stéréotypes de toutes sortes. Celle que son compagnon, le poète Oswald de Andrade, surnommait « la Caipirinha habillée par Poiret », et qui a appris aux côtés de Fernand Léger et d’Albert Gleizes, voulait porter la voix de son pays tout en étant au fait du goût parisien. Lorsqu’elle retourne au Brésil, qu’elle parcourt de São Paulo à Rio de Janeiro, elle s’attache à en réinventer le paysage. Dans ses toiles au style marqué par le cubisme, cohabitent environnements colorés luxuriants et chemins de fer ou usines, incarnant un pays en pleine effervescence. C’est aussi une société métissée, populaire et cherchant à renouer avec un primitivisme autochtone que représente Tarsila do Amaral à travers ses tableaux bariolés. L’exposition pointe cependant toute l’ambiguïté de cette démarche teintée d’idéalisation et de réappropriation de la part d’une femme blanche appartenant à l’élite.
Anthropophagie et réalisme socialiste
À l’origine du mouvement artistique anthropophage, son œuvre se nourrit des cultures étrangères colonisatrices qu’elle ne se contente pas de répéter mais plutôt d’assimiler à des thèmes brésiliens pour former des compositions oniriques peuplées d’étonnants animaux. Mais dans les années 1930, à la suite d’un voyage en URSS, son travail s’oriente vers une esthétique réaliste socialiste et met à l’honneur les ouvriers. Le parcours se clôt en montrant qu’elle n’a néanmoins rien perdu de son intérêt pour les paysages et les mutations de son pays. Alors quand celui-ci se voit, dans les années 1950, garni d’innombrables gratte-ciels, les tableaux de Tarsila do Amaral en sont tout autant envahis.
Exposition Tarsila do Amaral, Peindre le Brésil moderne au Musée du Luxembourg, à découvrir jusqu'au 2 février 2025
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