[expo] Louis XVI, Marie-Antoinette et la Révolution : Les derniers jours d’un condamné.

© Musée Carnavalet, Histoire de Paris

230 ans après la décapitation du citoyen Capet et de sa « poulle d’autruche », les Archives nationales présentent une passionnante exposition sur les derniers mois de l’Ancien Régime.

« Notre vanité aura beau se choquer des souvenirs, gratter les fleurs de lis, proscrire les noms et les personnes, cette famille, héritière de mille années, a laissé par sa retraite un vide immense : on le sent partout. Ces individus, si chétifs à nos yeux, ont ébranlé l’Europe dans leur chute. » écrivait Chateaubriand. L’exposition dont Isabelle Aristide-Hastir, Jean-Christian Petitfils et Emmanuel de Waresquiel ont assuré le commissariat scientifique, provoque la pitié devant les traces de ces pantins, que la rumeur populaire et la cruauté des libelles firent plus vilains et sans doute plus responsables qu’ils n’étaient.

Rien, ou presque…

L’écriture appliquée de Louis XVI, notant « rien » à la date du 14 juillet 1789, les menus de la retraite aux Tuileries et les regrets des dames de compagnie déplorant la médiocrité de l’accueil : certains documents prêtent à sourire. D’autres émeuvent : ainsi la Constitution de 1791 pilonnée ou le pendentif porte-bonheur de Marie-Antoinette, léguée à la gouvernante de ses enfants. L’un des grands mérites de cette exposition est de montrer comment seule l’histoire permet de saisir a posteriori l’enchaînement des événements. Louis XVI semble ne pas comprendre, mais qui le pouvait vraiment ?

Amours décryptées

Axel de Fersen, peut-être, dont le beau portrait peint par Pierre Dreuillon de Verneville orne l’exposition. L’envoyé du roi de Suède tâcha en vain d’exfiltrer sa reine. L’analyse de sa correspondance cryptée avec Marie-Antoinette est fascinante. La dignité des écrits de l’Autrichienne amoureuse et terrifiée fait paraître d’autant plus féroces les caricatures raillant sa lubricité et sa prodigalité. A la sortie de l’exposition, le Serment du Jeu de Paume rappelle que le peuple assemblé fut grand en cette période, mais on la quitte en méditant sur la folie de ceux qui crurent qu’il suffisait de décapiter un homme pour rétablir la justice.

Exposition Louis XVI, Marie-Antoinette et la Révolution, à découvrir aux Archives nationales jusqu'au 6 novembre 2023

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