La Fille publique

“Je me suis tatoué leurs noms dans ma chair et je ne suis personne” hurle Yasmeen, avec la rage de ses 17 ans. Placée à 3 mois chez les Carron avec sa sœur Imane d’un an son aînée, elle est écartelée entre le désir de se voir adoptée par sa famille d’accueil et celui de devenir réalisatrice d’une part, et le cauchemar d’être un jour “récupérée par sa génitrice” d’autre part. L’amour total, protecteur et apaisant qu’elle trouve auprès de ses “parents”, de ses frères (dont l’un est sourd-muet) et de sa sœur contrebalance l’insoumission de son caractère qui la pousse à fuguer, sécher les cours, vendre du pop-corn à la sauvette “pour aider son petit frère”… À force d’incartades, elle se trouve finalement placée par la Ddass dans un foyer. Mais Yasmeen continue de se battre pour “grandir” et être “reconnue”. Devenue pupille de l’État, bientôt majeure, elle est en voie d’y parvenir. C’est alors que sa mère biologique réapparaît...

Tiré de sa vie, partageant son expérience, réalisé à l’énergie, ce quatrième film de Cheyenne Carron bouillonnant d’amour rend hommage “à sa famille d’accueil et aux enfants pupilles de l’État français” dixit la réalisatrice. Sa sincérité dévastatrice compense la modestie des moyens et nous emporte dans ce drame d’une actualité brûlante.