[expo] Lê Phô, Mai-Thu et Vu Cao Dam au musée Cernuschi : Une histoire vietnamienne
En exposant Lê Phô, Mai-Thu et Vu Cao Dam, le musée Cernuschi retrace en 150 œuvres l’itinéraire, de Hanoï à Paris, de ces trois artistes vietnamiens pionniers qui ont mêlé arts occidental et oriental.
Il y a cent ans ouvrait l’École des beaux-arts d’Hanoï. Formée sur le modèle de l’institution parisienne et dirigée par le peintre français Victor Tardieu, cette école initie alors ses étudiants à l’art occidental tout en favorisant une assimilation avec les traditions asiatiques. Parmi ses premiers étudiants, Lê Phô, Mai-Thu et Vu Cao Dam connaîtront ensuite des carrières qui les mèneront en France. Des trajectoires communes sur lesquelles revient le musée Cernuschi, musée de la Ville de Paris dédié aux arts de l’Asie.
Entre tradition et modernité
C’est d’abord à travers les expositions coloniales et universelles, sur fond de propagande, que ces artistes obtiennent une reconnaissance pour leur témoignage d’une Indochine moderne qui revisite les traditions extrême-orientales. À commencer par les peintures à la laque sur bois de Lê Phô influencées par l’Art déco, les kakemonos de Mai-Thu, ou encore les peintures sur soie qui séduisent tant la clientèle européenne. S’établissant au cours des années 1930 en France, Lê Phô, Mai-Thu et Vu Cao Dam prolongent le mélange de leur culture d’origine avec l’art occidental. Ils n’en oublient pas pour autant le Vietnam : lorsqu’en 1946, le président vietnamien Hô Chi Minh se rend à Paris, les trois artistes le rencontrent, et Vu Cao Dam réalise son buste.
Une carrière en France
En France, leur art s’épanouit entre peinture sur soie et à l’huile. S’ils développent chacun leur style, tous les trois représentent un Vietnam ancestral et idéalisé dans des scènes tendres, paisibles et harmonieuses habitées par des femmes et des enfants. Celles-ci sont autant nourries de leur savoir-faire que de leur excellente connaissance des maîtres européens : Lê Pho renoue avec le postimpressionnisme dans des toiles colorées, quand Mai-Thu pastiche les tableaux de la Renaissance ou d’Ingres, tandis que Vu Cao Dam peint sous l’influence de Chagall. Seuls échos à l’actualité tragique de leur pays natal marqué par trois décennies de guerre, une poignée de tableaux expriment un sentiment de désolation et un appel à la paix. Mais s’inspirant régulièrement du Roman de Kiêu, ils retrouveront dans ce chef-d’œuvre de la littérature vietnamienne leur origine et le moyen de perpétuer leur culture. Si loin, si proches.
Exposition Lê Phô, Mai-Thu, Vu Cao Dam au musée Cernuschi, à découvrir jusqu'au 4 mai 2025
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