[expo] Retour d'Asie au Musée Cernuschi : Made in Asia

Il y a 150 ans, le collectionneur Henri Cernuschi revenait d’un long et fructueux périple en Asie. Le musée qui porte son nom lui rend hommage à travers l'exposition Retour d'Asie montrant des œuvres, acquises lors de ce voyage et ayant participé à l’essor du japonisme en France.
En 1871, le patriote Henri Cernuschi est désespéré par la tragédie de la Commune. À l’âge de 50 ans, l’exilé milanais aux 1 000 vies (il fut banquier, économiste, homme de presse) décide de partir en Asie, avec son ami, le critique d’art Théodore Duret, républicain comme lui. Pendant ce périple de 16 mois, il acquiert environ 5 000 œuvres. Jusqu’au 4 février 2024, le musée portant son nom – un hôtel particulier qu’il a légué à la ville de Paris en 1882 – célèbre cette aventure exceptionnelle, vieille de 150 ans, à travers une exposition foisonnante sur l’art chinois et celui du Soleil levant, de la période Edo.
Le bronze en majesté
Focus d’abord sur la figure du bouddha, qui a toujours fasciné le collectionneur (en témoigne le gigantesque Bouddha Amida qui trône au premier étage du musée). On aime aussi la délicatesse des estampes qui célèbrent l’art religieux chinois avec les Immortels du taoïsme. Au contraire de la laque et de la porcelaine, le bronze d’Asie est méconnu en Europe à la fin du XIXe siècle. Cernuschi jette son dévolu sur cet alliage en achetant par exemple d’énormes brûle-parfums, des animaux légendaires ou des vases d’un grand raffinement. La dernière salle donne à voir un bestiaire, de la tortue magique aux crapauds en passant par un crabe géant, impressionnant de réalisme.
Japonisme triomphant
À Paris début 1873, les 1 500 bronzes chinois et japonais ramenés par Cernuschi font sensation lors du premier congrès des Orientalistes au Palais de l’Industrie. Les artistes français, qui ont le droit de réaliser des dessins et de prendre des empreintes des œuvres, tombent sous le charme. Comme le sculpteur animalier François Pompon qui s’inspire de l’aspect lisse de ces objets (superbes chouette et cerf). Le peintre Gustave Moreau insère quelques-uns de ces trésors dans son tableau Salomé dansant devant Hérode. Émile Reiber, architecte et dessinateur industriel, va encore plus loin : voir sa bouilloire-lapin ou son vase aux deux carpes, où l’on ne saurait distinguer la copie de l’original ! Même si le japonisme (1860-1890) existait déjà, il a définitivement pris son envol grâce à l’esprit aventurier de Cernuschi.
Exposition Retour d'Asie au Musée Cernuschi : à découvrir jusqu'au 4 février 2024
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