[critique] Article 353 du Code pénal : Réparer la justice

© Jean-Louis Fernandez

Emmanuel Noblet adapte et met en scène le roman de Tanguy Viel, qu’il interprète avec Vincent Garanger au Théâtre du Rond-Point. Un face-à-face intense, où la justice interroge le droit.

L'article 353 du Code de procédure pénale permet d'en appeler à la conscience des juges et jurés de la cour d'assise et à l'intime conviction au-delà des preuves. Le roman de Tanguy Viel incarne le débat entre légitimité et légalité autour du meurtre d’Antoine Lazenec par Martial Kermeur. Ce dernier avoue d’emblée avoir jeté à la mer le promoteur véreux qui a ruiné ceux qui ont été assez naïfs pour croire à ses promesses et lui confier leurs économies. Martial Kermeur (Vincent Garanger) raconte au juge d’instruction (Emmanuel Noblet) pourquoi il a laissé le ressac faire justice.

Un homme à l’amer

Entre l’homme ordinaire devenu assassin et le juge « de l’autre côté des lois, de l’autre côté des articles et des alinéas », se noue un dialogue aux puissants ressorts psychologiques et politiques. Sur le chantier abandonné de l’espoir trahi, au bord de la mer, Martial Kermeur déroule le fil des événements qui l’ont conduit au crime : les rêves d’investissement des habitants du bourg, la faillite, l’escroquerie ; le licenciement, la prime qui aurait permis d’acheter la sécurité immobilière et de mettre à l’abri le père divorcé et son fils, et la forfaiture de l’escroc sans moralité ni principes.

Le fanal des mots

« C’est une compréhension fascinante de l’âme humaine que d’écouter Martial Kermeur raconter ses années, ses échecs et la conséquence des choses, même s’il n’a pas les mots pour le dire, du moins, le croit-il » dit Emmanuel Noblet. Le taiseux, humilié comme toujours ceux qu’on exploite, a jugé que la vie du profiteur ne valait rien. De la partition que Tanguy Viel a composée en orfèvre, Emmanuel Noblet dit qu’elle est « un grand texte sur l’injustice et le besoin d’y remédier, la nécessité, encore et toujours, de réparer les vivants. » En le portant au théâtre, il donne corps à ce qu’affirme son auteur : « il faut parler, oui, il faut parler et faire la lumière partout, oui, dans toutes les enfances, il ne faut pas laisser la nuit ni l’inquiétude gagner. »

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