Huckleberry Finn, le musical

La scène du Théâtre de la Huchette prend des allures de musical avec l’adaptation des Aventures d’Huckleberry Finn de Mark Twain. La mise en scène et l’interprétation donnent en chansons une profondeur nouvelle à cette œuvre majeure de la littérature américaine.

Une vision des États-Unis avant la guerre de Sécession

L’auteur américain Mark Twain, dont le véritable nom est Samuel Langhorne Clemens (1835-1910), s’est fait connaître du grand public par Les Aventures de Tom Sawyer. Paru en 1876, ce classique de la littérature jeunesse qui s’adresse aussi aux adultes narre l’histoire d’un garçon du sud des États-Unis avant la guerre de Sécession. Vinrent ensuite les tomes Tom Sawyer à travers le monde (1894) et Tom Sawyer détective (1897). Les Aventures d’Huckleberry Finn paraissent en 1884.

Il s’agit de la fuite d’un gamin, Huckleberry Finn, qui part de son foyer pour ne plus subir la violence et de son père. Lors de son échappée, il va croiser la route de Jim, un esclave qui s’est évadé pour conquérir sa liberté. Sur un radeau de fortune, les deux garçons vont confronter leurs points de vue, avec notamment les « certitudes » d’un enfant du sud des États-Unis élevé avec l’idée que l’on ne doit pas aider un esclave à s’enfuir, et de l’autre, Jim, rêvant de liberté et d’égalité.

Les échanges sont forts car de la bouche de ce gamin à l’oreille de l’adulte, il y a toute une perception de cette époque que Mark Twain situe dans le sud raciste des États-Unis avant la guerre de Sécession.

Un bel écho musical pour un texte éminemment politique

Le choix de monter Huckleberry Finn en musical sur la scène si particulière du Théâtre de la Huchette est une belle surprise. En effet, le texte de Mark Twain, finement adapté par Didier Bailly et Hélène Cohen, revêt une dimension nouvelle. Les mots deviennent chansons et par leurs refrains donnent une puissante charge émotionnelle aux propos de l’auteur. Loin d’en dénaturer le sens, le spectacle permet d’en saisir tout le contexte politique de l’époque. Et les musiques, superbement composées par Didier Bailly, allient à merveille légèreté et profondeur.

Huck est magnifiquement joué par Morgane L’Hostis qui trouve le ton juste de ce gamin aux prises avec son éducation. Le personnage de Jim prend toute sa force sur scène avec l’interprétation de Joël O’Cangha, dont la puissance et la tonalité de voix se marient parfaitement avec la fluidité de celle de Morgane L’Hostis. Quant aux apparitions d’Alain Payen en maître de cérémonie, « roi » ou bateleur, elles sont autant de boussoles de ce voyage vers le passé.

Une belle façon de découvrir ou redécouvrir un texte fort, et d’en entendre sur scène plus qu’une résonance, une nouvelle version.

Michel Maurel

Éric Chantelauze : au théâtre, Éric Chantelauze est à l'affiche de Constance : Inconstance (mise en scène - Théâtre de la Clarté) en 2024, La Course des géants (interprétation - Théâtre de la Renaissance) en 2023, Ce qu'il faudra laisser aux anges (interprétation - Théâtre Lepic) en 2023 ou encore Comédiens ! (texte - Artistic Athévains) en 2022.

Alain Payen : au théâtre, Alain Payen est à l'affiche de Lest(e) (interprétation - L'Étoile du Nord) en 2023, L'Éternel : El Amor brujo y otras piezas (Théâtre de l'Atelier) en 2022 ou encore Flagrant déni (interprétation - Théâtre de la Huchette) en 2022.

Mark Twain : au théâtre, Mark Twain est à l'affiche de Le Journal intime d'Adam et Eve (texte - Studio Hébertot) en 2024, Cette maudite race humaine (texte - Comédie Nation) en 2020 ou encore Adam et Ève (Théo Théâtre) en 2013.

Didier Bailly : au théâtre, Didier Bailly est à l'affiche de Agnès Debord et Didier Bailly : Hop là ! (Théâtre de la Huchette) en 2022, Exit (musique - Théâtre de la Huchette) en 2021 ou encore Un divan pour la scène (Le Funambule Montmartre) en 2017.

Hélène Cohen : au théâtre, Hélène Cohen est à l'affiche de Menahem Mendl le rêveur : Ah si j'étais riche ! (Théâtre de la Huchette) en 2019 ou encore Menahem Mendl le rêveur (Théâtre de la Huchette) en 2018.