Désengagement

Dans le train qui le ramène en France pour l’enterrement de son père, Uli, militaire israélien, fait la connaissance d’une femme palestinienne. Lors d’un petit accrochage avec un contrôleur, tous deux s’interrogent avec perplexité sur ce que peuvent bien signifier les identités nationales inscrites sur leurs papiers. Ils auront une aventure le temps de ce voyage. Arrivé dans la demeure familiale, Uli retrouve sa demi-sœur, Ana, dans un état d’ivresse et de confusion proche de la folie. Imprégnée par la mort et le poids d’une histoire familiale lourde (la figure d’un père savant et autoritaire), la maison dégage un climat de déliquescence incestueux et asphyxiant. Le testament du père, contraignant Ana à retourner en Israël pour y retrouver sa fille qu’elle a eu très tôt et qu’elle a abandonné à la naissance, appellera de nouveaux horizons, autrement chaotiques. En effet, les retrouvailles mère-fille se feront sur fond d’évacuation de la bande de Gaza.

Divisé en deux parties (l’une plus intime et théâtrale, l’autre plus documentaire), Désengagement mêle singulièrement l’histoire d’une famille juive au passé tortueux et mal digéré à l’histoire en cours d’Israël, saisie dans le vif d’une action militaire qui ne rend que plus instable et complexe les liens des personnages entre eux. Après ses expériences américaines, son travail avec le taïwanais Hou Hsia Hsien et l’iranien Kiarostami, Juliette Binoche confirme ici l’ampleur internationale de sa carrière.