La Jeune fille et la mort

Dans une république d'Amérique latine, au début des années 90. Nommé président d'une commission d'enquête fantoche chargée de cerner les responsabilités d'un précédent régime dictatorial, Gerardo Escobar, suite à une panne de voiture, est reconduit à son domicile par un inconnu, le Dr. Roberto Miranda. Au seul son de sa voix, l'épouse de Gerardo, Paulina, reconnaît l'homme qui l'a torturée et violée à l'époque où elle militait dans un journal d'opposition estudiantine. La maison est complètement isolée, aux abords d'abruptes falaises plongeant dans la mer. Les intempéries ont coupé l'électricité et les liaisons téléphoniques. Paulina, après l'avoir assommé, ligote son ex-tortionnaire -ou prétendu tel- aux barreaux et pieds d'une chaise. Son but : l'amener aux aveux en présence de son mari faisant office d'avocat...

Tiré de la pièce d'Ariel Dorfman qui dut quitter le Chili après le putsch de 1973, "La jeune fille et la mort" offre la particularité de respecter les trois règles d'unité de temps, de lieu et d'action, dans le décor en huis-clos d'une demeure coupée de toute liaison. L'intensité du drame s'en trouve accentuée, tant le moindre geste, la moindre parole a d'importance. Le "suspense" ne se dément jamais jusqu'à la fin qui réserve une ultime interrogation. Sigourney Weaver, l'héroïne de "Gorilles dans la brume" et "Alien", campe ici aussi un personnage "à l'extrême", comme le veut le rôle, auprès d'un Ben Kingsley dont la rigueur du jeu n'a de semblable que son efficacité.