[expo] Chana Orloff. Sculpter l’époque : La force tranquille

Dans le charmant écrin du musée Zadkine, voisin de l’atelier qu’occupa Chana Orloff à son arrivée à Paris, se tient une magnifique rétrospective de son œuvre. Bouleversant et passionnant !
Née en Ukraine, immigrée en Palestine, Chana Orloff arrive à Paris en 1910, pour y suivre d’abord des cours de couture avant de se former à la sculpture. Elle s’installe rue d’Assas, à deux pas de l’atelier d’Ossip Zadkine ; celui-ci accueille la première exposition parisienne consacrée à son œuvre depuis 1971. Figure du « Paris de la modernité », auquel le Petit Palais rend hommage jusqu’en avril, Chana Orloff est l’auteur d’une œuvre puissamment originale, que dévoile le parcours dessiné par Cécilie Champy-Vinas et Pauline Créteur, en association avec Eric Justman et Ariane Tamir, petits-enfants de l’artiste et directeurs des Ateliers-Musée Chana Orloff, à découvrir villa Seurat.
Visages de l’époque, masque du néant
La présentation chronologique et thématique de l’exposition évoque l’histoire d’une vie et le cheminement d’une âme à travers ses œuvres. Les portraits des débuts ressuscitent avec humour l’effervescence joyeuse du Montparnasse de la première période de l’École de Paris. Puis vient le déchirant Retour : Chana Orloff, qui a échappé à la Rafle du Vel’ d’Hiv’ en s’exilant en Suisse, tente de « sculpter le néant » à travers la figure des rescapés des camps. Le modelé heurté de cette période de tristesse et de doute contraste avec la douceur irénique et aimante des œuvres précédentes, délicats échos à l’art des Cyclades et à la statuaire égyptienne.
Humour et amour
L’exposition se termine avec les œuvres des années 1950, quand reprend sa carrière. Au centre de l’atelier du jardin, se trouve le grand plâtre préparatoire du monument en hommage au kibboutz Ein Gev : une femme soulève son enfant vers le ciel. Ce symbole d’espoir et de sacrifice semble une synthèse de l’œuvre de Chana Orloff, alliance de force et de douceur. A noter : la visite de cette magnifique rétrospective est à compléter par celle de l’exposition L’enfant Didi, itinéraire d’une œuvre spoliée de Chana Orloff, 1921-2023, présentée au musée d’Art et d’Histoire du Judaïsme jusqu’en septembre 2024.
Exposition Chana Orloff, Sculpter l'époque au Musée Zadkine : à découvrir jusqu'au 31 mars 2024
Partager cet article sur :
Nos derniers articles
Le photographe Jean Gaumy présente au musée de la Marine ses fascinants clichés pris sur les mers du monde entier. Un regard humaniste qui capte les pêcheurs, sous-mariniers et scientifiques autant qu’il alerte sur les dangers menaçant les océans.
La Cité de l’architecture et du patrimoine confie à l’entreprise privée espagnole Musealia le soin d’organiser une exposition sur le Mur de Berlin en forme de leçon d’histoire illustrée d’accessoires.
La maison de mode Worth est célébrée dans une grande exposition inédite au Petit Palais qui fait dialoguer ses créations emblématiques avec de nombreux documents, tableaux et photographies afin de retracer une folle épopée de la haute couture.
Le Musée Guimet consacre une exposition aux trésors de l’art khmer à travers près de 250 pièces qui éclairent une fascinante relation aux divinités bouddhistes et hindouistes.